La fédération du secteur a tenu un regroupement. Les relations entre les EPLF et la Cnep ont de tout temps évolué en dents de scie. La banque revendique ses créances, alors que les EPLF, soutenues par la Fédération des travailleurs de l'habitat et de la construction, demandent rien moins que l'effacement de la dette en question. Une dette qui avoisine les 35 milliards de dinars. Comment en est-on arrivé là ? C'est en 1989 que les premiers accrocs sont nés entre les EPLF et sa banque : qui devait vendre les premiers logements livrés ? Il a fallu l'arbitrage des pouvoirs publics qui ont trouvé une solution médiane. 60% du parc de logements finis devaient être vendus par la Cnep, alors que les 40% restants sont revenus aux EPLF qui ne pouvaient les vendre qu'aux épargnants qui émargent à la Cnep. En 1996, au moment où les EPLF passent du statut d'EPL (Entreprise publique locale) à celui d'EPE (Entreprise économique), la Cnep décide d'arrêter tout financement des programmes attribués aux EPLF. Pour finir les chantiers entamés, les EPLF ont dû solliciter d'autres banques, mais avec un taux d'intérêt exorbitant. C'est là où le Groupement d'intérêt commun (GIC) a été réactivé. Cette structure, une SPA au capital de 500 millions de centimes, a été réanimée dans l'optique de financer des chantiers des EPLF. Lors du regroupement des cadres syndicaux des EPLF de la région centre, tenu à l'hôtel Le Balloua, le directeur de l'EPLF de Tizi Ouzou, Smaïl Kaci, a mis le doigt sur la plaie. Rappelant la genèse de cette crise, M. Kaci dit avoir trouvé un terrain d'entente avec la Cnep qui a accepté de hisser les taux d'intérêt à 7%, ce qui semble arranger les EPLF. Mais voilà que la Cnep décide de bloquer les comptes des EPLF, en procédant à une saisie-arrêt. C'est le cas par exemple des EPLF de Skikda, Annaba, Blida. L'EPLF de Tizi Ouzou a été contrainte de déposer, l'année dernière, une requête en référé devant la justice qui avait ordonné alors la main levée. Pis, M. Kaci a dû payer les travailleurs de son entreprise en espèces. C'était à la veille des fêtes de l'Aïd. Selon l'orateur, la solution réside dans l'effacement pur et simple de la dette détenue par la Cnep et l'accès au foncier par le biais du gré à gré. Il cite l'exemple des OPGI qui ont vu leurs dettes de l'ordre de 276 milliards de dinars épongées par l'Etat. Le président de la fédération du secteur, créée le 2 mars 2008, abonde dans le même sens. Pour M. Zitouni, l'assainissement financier des EPLF reste un dossier prioritaire pour cette jeune fédération. Bachir Ramdani, secrétaire général de l'union de wilaya UGTA, appuie la revendication des EPLF et affiche la disponibilité de l'UGTA à accompagner ces entreprises de réalisation dans leur combat. Pour sa part, M. Moualhi, directeur de l'OPGI de Tizi Ouzou, qui a salué la création de la fédération, parle du concept de “militant du bâtiment”. À en croire ce responsable, Tizi Ouzou manque d'outils de réalisation ; un déficit de 50 entreprises est enregistré. “Nous avons tous les atouts, alors pourquoi faire appel à la main-d'œuvre étrangère ?” s'interroge-t-il. Les intervenants ont tous relevé la nécessité d'éponger les dettes des EPLF, d'autant plus que ces entreprises sont impliquées dans la réalisation du programme présidentiel de un million de logements. Le Chef du gouvernement ainsi que la SGP concernée ont été saisis à ce sujet, avons-nous appris lors de regroupement d'hier. Y. A.