Le président Bouteflika a annoncé la couleur dès le début de son premier mandat. L'actuelle Constitution ne lui plaît pas. Il lui fallait une Constitution qui lui élargisse les prérogatives, mais surtout qui lui accorde le pouvoir de décision. Encore lui fallait-il du temps pour réaliser cet objectif. Les précédentes lois fondamentales ont montré, à chaque moment de crise, des failles qui ont conduit à des vides institutionnels. La Constitution de 1989 n'avait pas prévu la démission de Chadli Bendjedid, parce que ne prévoyant la vacance du pouvoir qu'en cas de décès du Président. Avec le président Liamine Zeroual, la Constitution de 1996 a conduit pratiquement à la vacance du pouvoir pendant sept mois, le temps de préparer l'élection présidentielle anticipée. Ce cas de figure n'a pas été prévu. Ces deux premières Constitutions depuis l'avènement du pluralisme n'ont pas pris en compte les lacunes parce qu'elles sont venues avant tout combler un vide juridique qui a conduit à une situation de crise. Lorsque le président Chadli a démissionné, on constata la lacune et il fallait y remédier. Mais, c'était sans compter sur d'éventuels autres cas prévisibles. Quelques années plus tard, alors que la crise perdurait, un autre vide est venu révéler la précipitation avec laquelle a été amendée cette Constitution. Le président Liamine Zeroual avait annoncé son intention de démissionner et une élection présidentielle anticipée. Le temps de rendre son tablier et de préparer l'échéance, le pouvoir est resté vacant. Evidemment, malgré ces amendements qui ont répondu à des situations bien précises, des interférences entre les différents pouvoirs ont continué allant parfois jusqu'au télescopage. Cette opacité entretenue réduira davantage la frontière entre les pouvoirs, la Présidence et l'Exécutif. Anomalie qui a motivé, entre autres arguments, la proposition de la révision de l'actuelle Constitution. Malgré les réticences, et compte tenu de leur alignement sur le Président, les partis politiques, notamment ceux de l'alliance présidentielle, ont vite fait le choix d'un régime présidentiel. Ce n'est pas seulement parce que cela est la volonté du Président, mais aussi et surtout une manière d'écarter et d'éviter “le syndrome Zeroual”. Maintenant que les institutions sont consolidées, la crise éloignée, la révision de la Constitution devrait s'imposer. Logiquement, les préoccupations ne seront pas celles qui ont présidé aux révisions précédentes. Djilali B.