Oran a presque des allures d'un douar par endroits avec la présence de chiens errants, particulièrement en plein centre-ville. Des passants se retrouvent souvent au détour d'une ruelle ou d'un parking face à un chien galeux et dont la réaction peut être des plus imprévisibles. Les zoonoses, les maladies transmissibles à l'homme par les animaux, ne sont plus depuis longtemps l'apanage de pathologies des campagnes. Oran, deuxième ville d'Algérie où l'urbanisation anarchique de ces 20 dernières années a rompu et fait exploser toute délimitation entre les mondes rural et urbain, connaît un accroissement de ces maladies qui inquiète les autorités sanitaires.D'ailleurs, il est question de relancer et réactiver le comité de lutte contre les zoonoses et pour cause. La situation épidémiologique dans la wilaya d'Oran livre des chiffres inquiétants. Ainsi en 2006, il y a eut 2 622 cas de morsures d'animaux dont 65,71% de chiens, 19,23 de chats et 11,25 de rats. Par ailleurs, la fièvre boutonneuse méditerranéenne qui est transmise par des puces de chien a connu 86 cas recensés en 2006 toujours. Mais ce qui inquiète le plus les praticiens et les autorités sanitaires, ce sont ces cas élevés de morsures d'animaux. Car, comme nous l'explique un représentant de la DSP, “ces cas de morsures sont traités par la vaccination rabique… Nous sommes le seul pays peut-être à lutter contre les zoonoses par la vaccination alors qu'il suffirait de procéder à l'abattage des animaux errants, à assurer la dératisation et la désinsectisation. Nous sommes contraints d'acheter de grandes quantités de vaccin antirabique. Il faut savoir que son prix, qui était de 6 000 DA le vaccin, va être de 10 000 DA ! Cela revient très cher alors que l'abattage limiterait les cas et donc les dépenses de santé à ce niveau !” nous explique encore en substance notre interlocuteur. En effet, Oran a presque des allures de douar par endroits avec la présence de chiens errants particulièrement en plein centre-ville. Des passants se retrouvent souvent au détour d'une ruelle ou d'un parking, face à un chien galeux dont la réaction peut être des plus imprévisibles. Plus grave, des meutes de chiens errants empoisonnent la vie des citoyens dans les cités-dortoirs de la périphérie d'Oran et tout un chacun connaît la réaction des chiens vivant en meute. Ils sont agressifs parce que défendant leur groupe et leur territoire. Du côté de l'APC d'Oran, dont l'une des missions est le ramassage des animaux errants, la dératisation... l'on ne nie pas cette situation mais on l'oppose au manque de moyens. Ainsi, pour toute l'agglomération d'Oran, la fourrière qui dépend de la division hygiène et assainissement ne dispose que d'un seul camion aménagé pour capturer les chiens errants. Cet unique véhicule fonctionne avec deux équipes l'une le matin, l'autre le soir. De plus, les équipes sont souvent sollicitées par des institutions tels les hôpitaux pour intervenir justement et capturer des chiens et des chats en vadrouille. Par ailleurs, les employés de la fourrière dénoncent également les difficultés qu'ils rencontrent sur le terrain, notamment la nuit. L'on nous raconte ainsi que dans les quartiers périphériques, les gardiens de parking s'accommodent des chiens errants et les utilisent ce qui fait que la venue de la fourrière n'est pas appréciée et ces derniers s'opposeraient même au ramassage des chiens errants, nous explique-t-on encore. Néanmoins, un léger mieux pour la fourrière municipale est à prévoir avec l'achat prochainement de deux camions aménagés, nous assure-t-on au niveau de l'APC. Pour plus d'efficacité, cela devra signifier de meilleures conditions de travail pour les employés de la fourrière. Par ailleurs, toujours en matière de prévention, il est demandé aux propriétaires d'animaux de les surveiller et de les faire vacciner par leur vétérinaire, c'est là encore un moyen de mieux lutter contre les zoonoses. F. BOUMEDIENE