“Trente-trois cadavres de harragas, dont beaucoup d'entre eux étaient dans un état de décomposition avancée, d'ailleurs non identifiés jusqu'à ce jour, ont été repêchés, durant l'année 2006, au large de la façade maritime de l'est du pays, par les éléments des garde-côtes”. C'est ce qu'a révélé, jeudi passé, le colonel Slimane Defairi, chargé de la communication au niveau de la Marine nationale, lors d'un point de presse animé au siège de la station maritime principale, sise au port de Annaba. Dans le même contexte, le colonel Defairi signale que quelque 46 individus de nationalité algérienne, des voyageurs clandestins, ont été également arrêtés, durant cette même période, à l'issue de 23 interventions de contrôle effectuées au large de cette même façade maritime, à bord des grands navires étrangers de marchandises, contre 61 cas enregistrés, durant l'année 2005. De même que sept harragas, dont l'âge varie entre 19 et 40 ans, qui tentaient, à bord de deux vieilles embarcations de pêche de quitter les eaux territoriales, ont été appréhendés, durant les mois de novembre et décembre derniers. Par ailleurs, on parle beaucoup plus ces derniers temps dans la wilaya d'El-Tarf de la mafia du corail, qui utilise des équipements très sophistiqués à l'exemple des détecteurs GPS. Même certaines sorties de contrôle des garde-côtes au large d'El-Kala sont signalées aux trafiquants à l'aide des téléphones portables. Ainsi, le trafic du corail va crescendo engendrant ainsi un déséquilibre et un massacre de la faune et la flore dans cette région côtière, si riche en la matière, signale l'officier supérieur de la Marine nationale. Il précise, à ce propos, que quelque 62 kilogrammes de corail ont été saisis par les seuls services des garde-côte, en 2006, contre 18 kg seulement, en 2005. À l'occasion, une vingtaine de trafiquants, arrêtés en flagrant délit, ont été traduits en justice et condamnés, et quinze embarcations utilisées dans ce trafic ont été saisies. La façade de l'est du pays, qui s'étale de Béjaïa jusqu'à El-Kala, en passant par Jijel, Skikda et Annaba, soit plus de 500 km de côte, est à son tour atteinte par la fièvre de l'exode. “Ce phénomène s'est répandu dans ces régions par le biais de véritables filières mafieuses structurées et bien organisées, spécialisées dans la hijra el-mounadama immigration clandestine organisée”, explique le colonel Defairi. Selon certaines discrétions, du côté de la plage de Sidi-Salem, dans la daïra d'El-Bouni, l'on signale un chiffre effrayant de 500 harragas qui ont réussi, dans la nuit du 31 décembre dernier, soit la soirée du réveillon, à quitter la côte annabie pour la Sardaigne (Italie) à bord de 54 embarcations de pêche. Nos sources indiquent enfin que deux harragas algériens, qui ont tenté de partir très probablement de la façade maritime est afin de regagner l'autre rive de la Méditerranée, ont été interceptés dans un état lamentable par les forces navales tunisiennes. B. BADIS