Seuls trois projets de microcrédit ont réussi à voir le jour depuis 2005 alors que pas moins de 3 084 dossiers éligibles au financement ont été déposés. À Mostaganem, les microprojets concrétisés et opérationnels depuis la mise en place du dispositif du microcrédit et l'installation, au mois de juin 2005, de la coordination locale de l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem), se comptent sur les doigts d'une seule main ! Le coordinateur de la wilaya de l'agence avoue ne point savoir quel langage tenir aux organismes financiers censés, voire tenus, à contribuer au dispositif initié par le gouvernement, et aux jeunes sans emploi qui espèrent échapper à l'étouffoir du désœuvrement par la mise à l'épreuve de leurs compétence. Sur les 3 084 dossiers éligibles au financement, déposés auprès de la coordination de wilaya, 2 147 concernent le mode dit de financement triangulaire, impliquant la contribution des banques. Sous prétexte qu'elle n'ait jamais été destinatrice d'aucune instruction en ce sens, la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) n'a pas daigné recevoir le moindre dossier de financement, ne serait-ce que pour étude ! Une attitude qui laisse perplexe quand on sait que pas moins de 1 155 micro-projets s'insèrent dans les créneaux de l'agriculture et de la pêche qui constituent la vocation première de cet organisme financier public ! La banque publique la plus entreprenante est, pour l'heure, la Banque nationale d'Algérie (BNA). Sur les 61 projets qui lui ont été soumis pour étude, 35 ont reçu l'accord de principe en vue du financement. L'initiative constitue un record à inscrire à l'actif de cette banque dont la contribution a permis, jusque-là, la concrétisation de… trois micro-projets ! Des microprojets consistant en un atelier de vulcanisation à Mesra, un salon de coiffure à Mostaganem ainsi que l'aide à un jeune peintre en bâtiment pour fonder sa propre microentreprise. Conséquence de cette léthargie, on ne se bouscule plus à la porte de la coordination de l'Angem, comme au début de son ouverture en automne 2005. Au mois de février dernier, un premier lot de 42 dossiers éligibles au financement a été remis aux banques pour étude mais faute de circulaire d'application, ils furent aussitôt restitués à la coordination de l'Angem. Résultat : les dossiers de projets n'ont cessé de s'accumuler au niveau de la coordination de wilaya. La plupart sont inscrits dans le créneau de l'agriculture. Dans l'attente d'un hypothétique financement, ils “moisissent” dans les tiroirs de la coordination de wilaya de l'agence nationale. Ainsi, des trois formules de financement prévues dans le cadre du dispositif d'octroi du microcrédit, seul le PNR (prêt non rémunéré), pour lequel la contribution des organismes financiers n'est pas sollicitée, est mis en œuvre pour l'heure. En ce sens, 516 promoteurs ayant soumis des projets n'excédant pas les trois millions de centimes ont reçu l'aval des instances centrales de l'agence nationale qui en a décidé le financement. Généralement, ce sont des projets qui portent sur l'achat de matières premières destinées à la transformation. Ce prêt sans intérêts suscite plus d'engouement chez les femmes rurales en particulier. M. O. T.