Le Hezbollah, son allié chiite Amal et le courant chrétien de Michel Aoun ont fait monter la tension d'un cran, hier, en paralysant tout le pays, pour obliger le gouvernement de Fouad Siniora à partir. S'aidant de gravats, de pneus et de véhicules brûlés, des milliers de manifestants bloquaient hier les principaux axes routiers de la capitale libanaise et de nombreuses villes du pays. L'opposition a appelé à une grève générale pour tenter de faire chuter le gouvernement. En dépit du déploiement des forces armées, les routes reliant la capitale au nord et au sud du pays ainsi que celles menant à Damas, ont également été coupées. La route menant vers l'aéroport international de Beyrouth est également bloquée. Conséquence, la majeure partie des magasins, des écoles et des entreprises étaient fermés dans Beyrouth. Ceci étant, il était impossible de déterminer s'il s'agit d'une fermeture forcée en raison des événements parce que les employés ne pouvaient pas se rendre à leur travail ou par soutien à la grève. Les Libanais hésitaient à sortir de chez eux de crainte que la situation ne dégénère. Plusieurs manifestants ont été blessés à la suite des nombreux accrochages qui ont été signalés entre les partisans des deux camps. Quinze personnes ont été blessées par balles et plusieurs autres par des jets de pierres, lors d'affrontements entre partisans de l'opposition et ceux du gouvernement, a annoncé la police. Les blessés ont été atteints par des tirs d'inconnus dans différentes régions du pays, a ajouté cette source, sans préciser à quel camp ils appartiennent. Auparavant, la police et le Courant patriotique libre de l'opposition avaient fait état de six opposants blessés par balles, alors qu'ils tentaient de bloquer les routes en brûlant des pneus. Certains se sont affrontés à coups de bâtons et de pierres. Les partisans de l'opposition étaient descendus dans les rues hier à l'aube, brûlant des pneus et même des voitures, utilisant du sable et des cailloux pour couper les routes. Dans certaines régions, ils se sont allongés à même la chaussée pour empêcher la circulation. Huit vols ont été annulés au départ et à l'arrivée de l'aéroport international de Beyrouth, dont la route était totalement coupée. Des voyageurs arrivés dans la capitale libanaise étaient bloqués dans le bâtiment principal. Devant cette situation, le ministre de la Communication Marwan Hamadé a parlé de “coup d'Etat contre le gouvernement”, tout en appelant les citoyens “au calme” et en promettant la réussite de la conférence d'aide internationale au Liban, prévue demain à Paris. “Ce qui se passe n'a rien à voir avec la démocratie. C'est un véritable coup d'Etat”, a également déclaré de son côté le leader chrétien Samir Geagea, allié du gouvernement. Il n'a pas à qualifier les actions des manifestants de “terroristes”. Répondant à ces accusations, le leader de l'opposition chrétienne, Michel Aoun, a qualifié le gouvernement de “criminel”, demandant l'arrestation des personnes responsables de tirs contre les manifestants. De source proche de l'opposition, on indiquait que la grève durerait plusieurs jours. Sayyed Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a exhorté lundi les Libanais à prendre part à cette grève générale, tout en assurant que le mouvement chiite ne se laisserait pas entraîner dans des violences. Le Premier ministre, qui avait quitté le Liban à destination de Paris, quelques heures avant que la grève ne commence, a fait part quant à lui de sa détermination à ne pas laisser déstabiliser son gouvernement. K. ABDELKAMEL