Hier matin, une centaine d'éleveurs venus de toute la région de Cheria ont procédé à la fermeture du souk hebdomadaire avant d'exiger des autorités locales, présentes sur les lieux, la présence du wali de Tébessa pour soulever leurs problèmes. Entre-temps, la situation a dégénéré en émeute. Les protestataires se sont attaqués, à coups de pierres, aux vitres et façades des établissements publics de la ville frontalière. En quelques minutes, Cheria a basculé dans une violence d'une rare intensité. Elle est passée sous le contrôle des émeutiers qui ont dressé des barricades de fortune et allumé de petits incendies dans les principaux axes de la localité. Plusieurs édifices publics furent incendiés, tels les sièges de la daïra et de l'agence Cnasat. En début de fin de journée, d'importants renforts des forces antiémeutes ont été dépêchés pour appuyer ceux de l'unité républicaine d'El Hammamet. La ville de Chéria, d'où se dégageait une dense fumée noire, était toujours fermée hier en fin de soirée. Selon des sources locales, cette émeute organisée au moment de la célébration de la Journée mondiale des douanes, est venue pour protester contre l'étau qui ne cesse de se resserrer autour de la contrebande dans les régions frontalières. La localité de Cheria, une daïra située à l'ouest du chef-lieu de la wilaya et seulement à une dizaine de kilomètres de la frontière tunisienne, est réputée pour être une région pastorale par excellence. Or, depuis que Tébessa est devenue une circonscription douanière dans le cadre des nouvelles mesures de protection de l'économie nationale, le déplacement du cheptel est strictement réglementé, ce qui ne fait pas l'affaire des tenants de toute une économie locale basée sur l'informel. Hafid Maâlem