L'Iran est un échappatoire pour le président américain embourbé jusqu'au cou en Irak et lâché par un Congrès aux mains de l'opposition démocratique. Bush menace de faire la guerre aux Iraniens s'ils n'arrêtent pas leurs actions militaires en Irak ! “Si l'Iran pratique l'escalade de ses actions militaires en Irak au détriment de nos troupes et/ou de civils irakiens innocents, nous répondrons fermement”, a-t-il martelé dans un entretien à la National Public Radio. C'est le dernier avertissement, a-t-il même lancé, accusant l'Iran de soutenir le terrorisme en Irak et de fournir des armes contre les forces américaines. C'est, en effet, un scénario plausible dès lors que les Israéliens n'ont pas arrêté, ces derniers temps, de bassiner sur un plan conjoint avec les Américains pour détruire les installations nucléaires iraniennes. Washington n'a jamais démenti. Le président américain a ainsi décidé de faire un pied de nez aux exhortations de la Commission indépendante américaine, conduite par une personnalité marquante des républicains, James Baker, également proche de la famille Bush. Cette Commission, après un diagnostic sans complaisance de la politique moyen et proche-orientale des Etats-Unis, a préconisé la relance du processus de paix israélo-palestinien pour créer l'Etat de la Palestine et l'insertion des Iraniens et des Syriens dans les négociations politiques relatives à la région. Sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, est même parvenue à vendre le nouveau plan du locataire de la Maison-Blanche aux pays du Golfe arabe, plus l'Egypte et la Jordanie, en faisant agiter la menace de l'expansion chiite ! Le jusqu'auboutisme de Bush intervient au moment où sont envoyés des signes d'apaisement de Téhéran. D'abord, aucune nouvelle centrifugeuse n'a été installée sur le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, a affirmé Hossein Simorgh, responsable des affaires publiques à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, démentant une information communiquée un peu plus tôt par les Occidentaux. Selon ces derniers, 3 000 nouvelles centrifugeuses étaient en cours d'installation en Iran. Ce qui, à leurs yeux, devrait ouvrir aux Iraniens la voie à l'enrichissement de l'uranium et, par ricochet, à la bombe atomique. En outre, l'Iran veut du temps pour étudier la proposition d'El-Baradeï. La proposition intitulée “temps mort”, avancée par le directeur de l'AIEA, consisterait à suspendre simultanément les activités nucléaires de l'Iran et les sanctions de l'ONU les visant. El-Baradeï a jugé insensé de poursuivre l'escalade dans la crise opposant l'Iran aux pays occidentaux concernant son programme nucléaire et a estimé que les deux camps devaient faire une pause pour relancer le dialogue. L'Iran a besoin de temps pour étudier cette proposition afin de voir si elle peut résoudre le problème nucléaire iranien, a répondu le négociateur en chef de l'Iran, Ali Larijani, au sujet de l'offre, lors d'une conférence de presse avec le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Igor Ivanov. L'Iran s'est déjà dit prêt par le passé à étudier les propositions de sortie de crise, telles que celle lui permettant d'enrichir de l'uranium en territoire russe. Mais les pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis, l'ont accusé de chercher à gagner du temps. D. Bouatta