“Les informations concernant les traites avalisées étaient erronées” La quatorzième journée du procès de la BCIA qui se tient au tribunal criminel d'Oran a été marquée, hier, par un léger incident ayant opposé un avocat de la défense à l'expert-comptable désigné par le juge instructeur. Djaâfri Mokhtar est resté imperturbable devant les questions assénées par Me Hamadi Mohamed, lequel a minimisé les résultats du rapport d'expertise qui mettent en cause son mandant. “L'expertise de Djaâfri Mokhtar n'apporte pas la preuve matérielle du montant avancé, encore moins, le rapport d'expertise ne s'appuie sur aucune analyse technique. Quant à l'utilisation de l'argent de la BEA par mon client”, a affirmé Me Hamadi. Il sera interrompu par le juge qui l'invite à éviter d'entrer dans le cycle des plaidoiries au regard du déroulement du procès. Me Hamadi s'emporte, exigeant que des réponses claires soient données par l'expert-comptable qui tente de répliquer sans être prié par le juge. L'audience est suspendue pour quinze minutes, le temps pour la cour et la défense de trouver un compromis. La reprise de l'audience s'est poursuivie avec un jeu de questions-réponses entre Me Hamadi et Djaâfri Mokhtar. Sans se démonter, celui-ci répond. “Les opérations d'escompte doivent être comptabilisées sur la base de transactions commerciales et bancaires le même jour. Les traites avalisées par la BCIA n'étaient pas dotées de fonds propres ni de garanties bancaires solides. La BEA escomptait les traites avalisées en tenant compte de l'aval de la BCIA, c'est tout”, explique à son tour Djaâfri Mokhtar. Le juge demande à l'expert-comptable d'être plus précis dans sa pensée. “Toutes les informations concernant les traites avalisées présentées par l'accusé étaient sciemment erronées. Dès le départ, l'opération bancaire entamée par la BCIA d'Oran concernant l'escompte par la BEA de 590 milliards de centimes au profit de Ouala Abderrazak était délibérément entachée d'irrégularités”, déclare l'expert-comptable à l'endroit de la cour. Le ton monte d'un cran lorsque Me Hamadi demande à brûle-pourpoint : “M. Djaâfri Mokhtar peut-il éclairer nos lanternes en nous donnant un chiffre rationnel sur le montant des traites avalisées par la BCIA.” L'expert-comptable se lève et débite d'une traite : “Le 3 avril 2003, Ouala Abderrazak, propriétaire de la société Codipal, a encaissé 732 millions de dinars sous la forme de huit chèques émis par la société Sotraplan et escomptés par la BEA”, ajoute Djaâfri Mokhtar. Ce dernier enfonce davantage le clou en affirmant : “J'ai épluché le compte de Ouala Abderrazak et j'ai trouvé qu'il existe un lien direct entre Codipal et Sotrapla. Mon rapport d'expertise confirme de façon indubitable le lien entre ces deux sociétés.” L'expert-comptable n'en démord pas et continue sur sa lancée. “Le 6 janvier 2003, neuf virements d'un montant de 1,86 milliard de dinars sont émis par Sotrapla au profit de Ouala Abderrazak, patron de Codipal”. Or, explique l'expert-comptable : “Les traces écrites des journées comptables devant déterminer avec exactitude les sorties d'argent prêtaient souvent à équivoque. Toutes les manœuvres irrégulières avaient été commanditées par les personnes malintentionnées,” a affirmé Djaâfri Mokhtar malgré les appels de protestation des avocats de la défense. À l'heure où nous mettons sous presse, Djaâfri Mokhtar répondait encore aux questions des avocats de la défense. B. Ghrissi