Depuis samedi, les forces coalisées ne progressent plus dans leur avancée vers la capitale irakienne. Ni les Américains ni les Britanniques ne fournissent d'explications logiques sur cette halte imprévue. Alors que le général William Wallace, commandant des forces terrestres américaines en Irak, n'hésite pas à parler de “pause” dans l'offensive de ses troupes sur Bagdad en la justifiant par des problèmes de logistiques et par l'apparition de la tactique de la guérilla adoptée par les Irakiens, le porte-parole de l'armée britannique en Irak, le capitaine Al Lockwood, récuse cette thèse. Selon lui, il ne s'agit que “d'une réorganisation du champ de bataille”. L'officier anglais concède, toutefois, que les forces de la coalition ont besoin d'un redéploiement avant la prochaine phase consistant en l'offensive sur Bagdad. Cette version est corroborée par le sous-secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères, Mike O'brien, qui refuse, lui aussi, de parler de pause dans les combats. “Nous sommes maintenant en train de réorganiser le champ de bataille en vue de la prochaine étape et les choses se présentent pour l'instant à peu près comme prévu”, a-t-il déclaré à la presse hier. Il persiste et signe dans son attitude en affirmant que “tout se déroule, comme prévu”. Et d'ajouter : “Nous savions très bien ce que nous voulions faire. Il y avait une stratégie très claire au début du conflit et nous suivons toujours cette stratégie”. Il y a lieu de relever cette cacophonie au sujet du blocage des forces alliées à une centaine de kilomètres de Bagdad. Pis, même la distance séparant les soldats américano-britanniques est différemment appréciée. En effet, George Bush affirmait, vendredi dernier, que son armée n'était plus qu'à cinquante miles (75 kilomètres) de la capitale irakienne, alors qu'hier, le commandant en chef de l'opération, le général Tommy Franks, la situait à plus de soixante miles (cent kilomètres). Différentes informations ont circulé sur cette pause, sans confirmation officielle ou démenti. Certaines sources parlent d'une trêve stratégique de quatre à six jours, décrétée par les états-majors gérant la guerre, pour rassembler les troupes avant de déclencher l'offensive sur Bagdad. D'autres sources certifient, en revanche, qu'il ne s'agit que d'une halte forcée, rendue nécessaire par les aléas rencontrés sur le terrain, notamment la résistance dont font preuve les soldats irakiens et les tempêtes de sable, qui ont chamboulé les plans de guerre initiaux. Une chose est cependant sûre, sur le terrain, les forces américano-britanniques marquaient, hier, leur seconde journée de pause pour “se regrouper et se ravitailler”. Les Américains et les Britanniques divergent, cependant, sur la justification de la trêve qui allongera inévitablement la durée de la guerre. K. A.