Le discrédit qui frappe l'institution parlementaire, conjugué aux discours insipides et démagogiques des candidats, fait que cette première semaine de campagne aura été sans profondeur ni relief. La campagne électorale boucle aujourd'hui sa première semaine. Le premier constat à faire est qu'elle n'aura pas été particulièrement flamboyante. De l'avis même de Abdelaziz Belkhadem, qui a reconnu mardi, en marge de son passage devant le FCE, que “la campagne démarre timidement”. Le peu d'enthousiasme suscité par ces huit jours de campagne, en dépit d'un déploiement stakhanoviste des leaders des partis politiques, en particulier, et des candidats, en général, peut se mesurer à travers plusieurs aspects. Le public en premier lieu. C'est le grand absent, alors qu'il est un élément majeur dans l'équation. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, pas moins de onze meetings sur quatorze programmés sont annulés à la dernière minute. Faute d'assistance. Même la Télévision nationale, dans son souci de “booster” l'événement, a eu souvent du mal à trouver les plans adéquats. Le constat vaut aussi pour les leaders des grandes formations politiques qui ne drainent plus grande foule, comparativement aux rendez-vous électoraux précédents. Les panneaux destinés à l'affichage des listes des candidats sont quasiment vierges. Quant à intéresser les citoyens, à titiller au moins leur curiosité, il faut repasser une autre fois ! L'effervescence coutumière devant les permanences, à coups de décibels patriotiques et force banderoles et portraits, n'est pas non plus au rendez-vous cette fois-ci. Dans le landerneau médiatique, on a plus les portugaises branchées sur les péripéties de la campagne électorale en France et son point d'orgue : le débat cathodique “Ségo-Sarko”. L'affaire Harkat opposant la JSK et le CRB a plus fait parler d'elle cette semaine, plus que n'importe quel meeting politique. C'est dire qu'au bout d'une semaine, le spectacle n'est pas de haute volée et n'a pas réussi à donner un autre rythme aux habitudes quotidiennes de la société, plus que jamais rivée à ses petits et grands soucis quotidiens. Cette indifférence a une cause. Elle est en rapport avec l'institution parlementaire elle-même qui a une image calamiteuse au sein de l'opinion. Surtout après la législature qui vient de s'achever, pendant laquelle les députés ont fait de la figuration politique, en échange de rondelettes indemnités qui leur permettent d'assurer leurs arrières. Dans les potins autour des législatives, on entend des vertes et des pas mûres sur les candidats. “Ils courent tous derrière un mandat pour avoir des privilèges, avoir des relations, voyager aux frais de la princesse”. Cette sentence, qui en dit long sur l'image du parlementaire algérien, revient comme un leitmotiv dans les commentaires des citoyens. “D'accord, mais dans le lot des postulants à la députation, il doit bien exister des femmes et des hommes qui voudraient siéger au palais Zighoud-Youcef pour au moins apporter la contradiction, défendre des convictions”, tempère un ancien député pour qui “la tentation de la mangeoire” ne fait pas courir tout le monde. Il faut dire à la charge des candidats qu'ils n'ont pas les talents de tribun à enflammer la foule. Leurs discours sont d'une indigence et d'une insipidité telles à vouloir divorcer de la chose politique. Il reste encore une semaine aux partis politiques pour réajuster leurs discours et trouver les mots qu'il faut pour intéresser les citoyens et tenter d'éloigner le spectre de l'abstention qui plane déjà sur cette consultation populaire. En haut lieu, on a toutes les raisons d'appréhender ce phénomène. N. Sebti