L'encre des accords conclus entre les factions rivales n'a pas le temps de sécher que les tueries inter-palestiniennes reprennent sur le terrain, au grand bonheur d'Israël, qui ne se donne même plus la peine de reprendre ses raids militaires en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Hier, neuf Palestiniens sont morts lors des affrontements armés entre le Fatah et le Hamas à Gaza, portant le nombre des victimes à dix-sept depuis la reprise des combats entre les deux camps vendredi dernier. En dépit des promesses des responsables des deux parties de respecter les nombreuses trêves auxquelles ils ont abouti, dans le but de mettre fin à la violence aux enlèvements et surtout aux batailles des batailles, rien n'y fit, la situation se dégrade de jour en jour. Le calme enregistré depuis le mois de février a été soudainement rompu vendredi. Les violences partisanes ont repris suite au déploiement, jeudi dans les rues de Gaza, d'une centaine de membres des forces de sécurité palestiniennes, relevant du Fatah dans le cadre de la première étape d'un plan de sécurité adopté le 14 avril par le gouvernement palestinien. Des roquettes antichar et des grenades ont été utilisées au cours de ces combats fratricides. Sur les neuf morts hier, huit appartiennent aux membres des forces de sécurité loyales au président Mahmoud Abbas. Selon le colonel Ali Qayssi, un officier de la garde, des éléments des Brigades Ezzedine al Qassam et de la Force exécutive sous contrôle du Hamas avaient attaqué environ deux cents membres de la Garde présidentielle présents dans leur camp d'entraînement à proximité du point de passage de Karni, entre la bande de Gaza et Israël. Cette attaque est la plus meurtrière en trois jours d'affrontements entre les deux factions. Dans un communiqué, la Sécurité nationale, fidèle au président de l'Autorité palestinienne, a accusé les Brigades Ezzedine al Qassam et les membres du Hamas de fomenter “un coup d'Etat” contre l'Autorité palestinienne en recourant à l'utilisation d'armes lourdes dans les combats. C'est dire que les rapports entre Hamas et le Fatah sont plus mauvais que jamais. Tout ceci intervient au moment où les responsables politiques des deux côtés tentent de calmer le jeu. Réagissant à cette situation lamentable, Mahmoud Abbas a appelé, hier, à l'application immédiate du plan de sécurité du gouvernement pour tenter de mettre un terme aux violents affrontements. “Nous devons faire cela en appliquant le plan de sécurité, sans réticence ni retard, afin de mettre un terme aux dissensions civiles et chasser le fantôme des violences internes”, a-t-il déclaré. Il faut dire que depuis l'acceptation lundi par le chef du gouvernement de la démission du ministre de l'Intérieur, Hani Kawasmeh, un indépendant dont la nomination fut le fruit d'un compromis laborieux, a contribué à mettre en péril la fragile coalition gouvernementale entre Hamas et le Fatah. Enfin, le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana, a appelé, hier, le gouvernement palestinien d'union nationale à tout faire pour rétablir la sécurité à Gaza et contrôler les groupes armés responsables des violences. “Je suis préoccupé (...) Obtenir un niveau de sécurité (acceptable) à Gaza est fondamental pour faire avancer le processus”, a-t-il déclaré à l'issue de sa rencontre avec le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ziad Abou Amr. K. ABDELKAMEL