La faisabilité commerciale du gazoduc Algérie-Espagne est confirmée. Sonatrach a confirmé, hier, que ses recettes en 2002 étaient en baisse : 18,1 milliards de dollars contre 18,5 milliards de dollars en 2001. Les deux résultats incluent la part des partenaires étrangers : 1milliard de dollars en 2001, 1,6 milliard de dollars lors de l'exercice précédent. Ce dernier chiffre reste une estimation. Un tel résultat est dû à la baisse du prix moyen du baril algérien, l'année dernière. C'est ce qui ressort de la conférence de presse, donnée par le PDG de Sonatrach, à l'initiative du club de presse Energie. Précisément, Sonatrach a réalisé un chiffre d'affaires de 1 540 milliards de dinars en 2002, contre 1 569 milliards de DA en 2001. Le résultat net, c'est-à-dire les bénéfices, s'est établi à 175 milliards de DA, en baisse de 2% par rapport à l'année précédente. En dollars américains, les bénéfices se situent à environ 2 milliards. Malgré cette chute des recettes, l'année 2002 reste un assez bon cru puisque en rapport avec la séquence 1990, elle est supérieure au résultat du meilleur exercice de cette période. Les recettes de Sonatrach de l'année 2000 demeure, cependant, la meilleure performance depuis l'indépendance : plus de 21 milliards de dollars. Ce qui est important à noter, c'est que les recettes fiscales pétrolières en 2002, versées au Trésor, ont stagné, ce qui a permis de réaliser outre l'amélioration des recettes ordinaires un nouvel excédent budgétaire. En matière d'exploration, Sonatrach a réalisé, de 2001 jusqu'au premier trimestre 2003, 15 découvertes : 9 réalisées par Sonatrach seule et 6 par Sonatrach et ses associés Le volume des réserves en place, mises au jour durant cette période, se chiffre à 183 millions de Tonnes équivalent pétrole (TEP) dont 27% sont constituées d'huile. “Ces réserves mises en évidence compensent largement les volumes produits, même si on tient compte du taux moyen de récupération actuel (30%) du brut”, a affirmé M. Khène, vice-président de Sonatrach, chargé de l'exploration-production. Ce dernier a argué que ce sont des chiffres préliminaires qui ne tiennent pas compte des travaux d'appréciation en cours. L'objectif fixé l'année en cours est de réaliser, en 2003, la découverte de 250 millions de TEP récupérables. Le taux de succès moyen des forages est actuellement de 30%. Sonatrach vise la réalisation de 53 forages d'exploration en 2003, soit un investissement de 450 millions de dollars US. En 2002, Sonatrach a réalisé 26 forages d'exploration. L'année en cours, Sonatrach va doubler l'effort d'exploration à elle seule, et tripler celui de Sonatrach en association. A l'international, Sonatrach cible essentiellement l'Afrique et l'Amérique latine. Des travaux d'exploration sont en cours au Cameroun, au Mali et au Niger. Elle est aussi en train de discuter des opportunités de projets en Afrique du Sud. Elle négocie également des prises de participations dans des gisements en mer du Nord. Concernant les gisements dont l'ouverture des plis n'a pas été fructueuse, Sonatrach a révisé l'offre. Elle a décidé de s'associer avec des partenaires dans l'exploitation de ces gisements en contrepartie d'échanges d'intérêts. Il s'agit des champs de Rhourde Nouss, de Tinhert dans le bassin d'Illizi et de gisements du sud-est d'Illizi. La sélection définitive pour le grand projet intégré de Gassi Touil interviendra en juillet prochain. Sonatrach est en train d'examiner les propositions des partenaires intéressés. Un contrat de consensus sera élaboré avant de déterminer les principales clauses de l'arrangement définitif, à partir des exigences de Sonatrach. Concernant les nouvelles routes d'exportation, M. Zerguine, président de Sonatrach chargé du transport par canalisations, a indiqué que la faisabilité commerciale du gazoduc Algérie-Espagne dit Medgaz (liaison directe) est confirmée. Une société d'investissements pour réaliser le pipe est en voie de constitution. En revanche, l'étude de faisabilité est en cours pour le gazoduc Algérie-Italie via la Sardaigne (projet Galsi). M. Hached, vice-président de Sonatrach chargé de la commercialisation, a précisé que ces nouvelles routes seront opérationnelles en 2006. L'objectif d'exportation de 25 milliards de m3/an de gaz supplémentaire à l'horizon 2010 est à notre portée, a-t-il ajouté. “Nous avons placé 8 milliards de m3 et nous avons signé des lettres d'intention pour 8 milliards de m3. A travers le projet Galsi et l'extension du gazoduc existant, Enrico Mattei, Sonatrach est en train d'identifier de nouveaux clients”, a-t-il laissé entendre. En un mot, Sonatrach serait en passe d'atteindre cet objectif bien avant l'échéance 2010. Le vice-président de Sonatrach a indiqué que la compagnie est sur un projet avancé de prise de participations dans une centrale électrique à cycle combiné en Espagne d'une capacité de 1 400 Mw. Sonatrach participera à un tiers des capacités de cette centrale. Elle est en train de renforcer sa capacité de transport : 2 méthaniers et trois transporteurs de GPL sont en construction. A l'aval, le vice-président chargé de la branche, M. Achour, a indiqué que l'usine de propylène en association entre Sonatrach et le groupe Basf, implantée à Tarragone en Espagne, a démarré. Il a ajouté que les travaux du terminal de regazéification de Ferrol en Galice dans le même pays vont être bientôt lancés. Concernant le grand projet de Steam cracking avec le groupe malais Petronas, M. Achour estime que le contrat sera signé avant la fin de l'année. Sonatrach est à la recherche de partenaires off takers. C'est-à-dire des sociétés intéressées qui enlèvent la production. Ainsi, en dépit de son échec en matière d'adoption de la réforme du secteur, le ministre de l'Energie et président de Sonatrach, a réalisé indéniablement de bons résultats à la tête de la compagnie dont l'indice est la conclusion de 20 contrats de partenariat depuis 2001, “un record jamais atteint même pendant la période prolifique du grand boom pétrolier des années 1992-1993”. Il devra confirmer ces succès, car le chemin qui sépare Sonatrach de son objectif de devenir un grand groupe international sera à l'évidence semé d'embûches. Car, il faudra s'attaquer à ses deux points faibles : la mobilisation rapide de financements pour se redéployer à l'international et sa dépendance technologique. N. R. CHAKIB KHELIL “Vers une baisse des prix du pétrole” Le ministre de l'Energie, M. Chakib Khelil, a estimé, en marge de la conférence de presse sur le bilan de Sonatrach, que les prix du pétrole vont tomber autour de 20 à 22 dollars le deuxième trimestre 2003, après la fin de la guerre en Irak. “Aujourd'hui, il y a un équilibre de l'offre et de la demande, la poursuite de la guerre en Irak maintient les prix du pétrole à la hausse”, a laissé entendre le ministre. Avec la fin de l'hiver et du conflit en Irak, la demande va baisser, pronostique-t-il. N. R.