Le sénateur belge Pierre Galand, en visite à Alger du 3 au 4 juin dernier, est président de la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui (Eucoco). Ce professeur en économie est également président de la Task Force. Liberté : En avril dernier, le Maroc a présenté un plan d'autonomie pour le territoire non autonome du Sahara occidental. Un avis sur ce plan ? Pierre Galand : Il n'y a pas de plan d'autonomie ! Ce projet a surgi la veille de la réunion du Conseil de sécurité. Le Maroc essaie de vendre un plan qui n'existe pas. Après une année et demie de campagne sans précédent pour vendre leur plan d'autonomie, les Marocains ont abouti à un échec. L'ONU, dans sa dernière résolution sur le Sahara occidental du 30 avril, en a précisé le cadre, c'est-à-dire celui onusien, dans lequel devra se produire le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Nous pensons que c'est une étape importante. Quel regard portez-vous sur le droit humanitaire international au Sahara occidental ? On a tellement parlé du droit humanitaire international et, aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il est devenu sélectif. La communauté internationale ne remplit plus ses obligations au Sahara occidental. Cette dérive est extrêmement dangereuse. L'aide aux réfugiés sahraouis est un droit qui doit être appliqué. L'interruption depuis près d'une année de l'aide alimentaire internationale est une violation du droit humanitaire. Il y a aussi la question des violences contre les Sahraouis des territoires occupés et contre les étudiants sahraouis. Leur protection est du ressort de l'ONU. L'ONU, à travers la résolution 1754, a recommandé des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc. Adhérez-vous à cette démarche ? Nous sommes très favorables aux négociations. Dans un monde civilisé, la voie des négociations s'impose. Mais, nous sommes pour ces négociations tant que le cadre de l'ONU sera respecté… Vous parlez de monde civilisé et vous savez pourtant que les droits nationaux du peuple sahraoui sont bafoués. Faut-il conseiller aux Sahraouis de ne pas recourir à leur droit de reprendre les armes et à endurer les exactions résultant de l'occupation marocaine ? Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. L'ONU et sa charte permettent aux peuples d'avoir un droit de recours. Je voulais dire que nous ne sommes plus dans les années 1960. Nous sommes en 2007 et il y a d'autres armes, l'arme de la diplomatie, celle des opinions publiques… Le Front Polisario est responsable et c'est lui qui décide. Notre rôle est de légitimer sa lutte. Aujourd'hui, il est très important de rappeler à la communauté internationale qu'il n'existe qu'un seul droit, le droit international. Il n'y a pas lieu de faire d'exception. Pensez-vous vraiment que le Maroc est prêt à négocier ? Les Marocains ont accepté le plan de règlement des Nations unies en 1991, ils ont accepté les accords de Houston conduits par James Baker. Aujourd'hui, ils ont accepté d'aller aux négociations, mais avec des conditions adaptées à leur vision annexionniste. Rappelez-vous que le Maroc revendiquait aussi le territoire de la Mauritanie... Aujourd'hui, les intentions du Maroc sont connues. Les Sahraouis ont de leur côté dit, de manière claire, qu'ils veulent l'indépendance. L'arbitrage international doit donc se faire dans le cadre du droit international. Mais, je reste sceptique quant à l'aboutissement de ces négociations… Les parrains sont toujours là derrière le Maroc. H. A.