La panique semble avoir gagné les habitants de Gaza déjà éprouvés par la pénurie. La prise de pouvoir du Hamas a jeté des centaines de Palestiniens sur des routes qui ne mènent pas loin. Les barrages des “hamsawis” et l'étanchéité des frontières les maintiennent dans leur territoire-prison de peine et de peur. Pendant ce temps-là, la Ligue arabe échafaude une commission d'enquête. Le président Mahmoud Abbas ne s'y est pas trompé. Il a promptement rejeté la proposition du secrétaire général de la Ligue d'une rencontre avec Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil en Syrie. Comme il a repoussé l'initiative de commission d'enquête arabe, véritable canular quand on connaît la situation d'urgence politique sécuritaire et humanitaire qui sévit sur la bande de Gaza et qui menace la Cisjordanie. Hier, l'OCI est venue à la rescousse de la Ligue en faisant la même suggestion réconciliatrice. En refusant de discuter avec des “tueurs”, le président de l'Autorité a tracé la ligne qui désormais sépare les mouvements palestiniens historiques de l'OLP de l'islamisme, qui ne s'est révélé que lorsque la cause parut près du but, l'Etat palestinien. Il avait déjà fait preuve de conséquence politique en soutenant l'armée libanaise dans l'affrontement qui l'oppose à une faction islamiste dans le camp de réfugiés de Nahr el-Bared. En réagissant avec la fermeté et la clarté qui est la sienne, il restait à chacun de prendre position, ce qui n'est pas dans la culture politique arabe. La fuite en avant perpétuelle des Etats arabes et musulmans devant l'hégémonie violente des mouvements islamistes est couverte par l'invitation au dialogue. En mettant sur pied un gouvernement d'urgence, le chef de l'OLP a mis fin à une ère de confusion où le Hamas oscillait allègrement entre le droit d'user de la violence contre ses partenaires palestiniens et contre Israël à la fois et l'avantage de disposer de la légitimité de l'Autorité palestinienne et d'intervenir dans le processus de paix. Il a en même temps obligé que chacun, à l'extérieur, se définisse par rapport aux décisions du président de l'Autorité qui semble enfin résolu à exercer ses entières prérogatives ! La communauté internationale, dont le Quartette notamment — y compris la Russie qui est le premier pays occidental à recevoir le Premier ministre Haniyeh — a apporté un soutien sans nuances à Mahmoud Abbès. L'Egypte et la Jordanie ont… suivi. Mais les autres pays arabes et musulmans surfent toujours sur les thèmes de la discussion. Ils viendront peut-être plus tard, quand la cause sera… entendue, rappeler leur soutien “indéfectible” — mais indécis — à la cause et au peuple palestiniens et toutes ces vagues entités qui nous font l'économie d'une position politiquement définie. Notre pays, connu pour son engagement sans faille aux côtés du peuple palestinien “agressé ou agresseur”, (dhalim aou madhloum) ne sait se prononcer aujourd'hui qu'il faut désigner le “dhalim” et le “madhloum” d'entre le Hamas et le Fatah. Ce n'est tout de même pas au pays de la réconciliation tous azimuts qu'on peut demander de condamner une violence islamiste. Quand on n'a pas pu être du côté de la démocratie dans son propre pays, on ne peut pas l'être dans ses rapports aux autres. M. H. [email protected]/a /