Les dirigeants de douze pays proches de la mer Noire se sont retrouvés dans la capitale touristique de la Turquie, Istanbul, pour renforcer leurs liens économiques et commerciaux. Le sommet de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire (CEMN), qui marque le 15e anniversaire de cette institution fondée en 1992, après l'effondrement du communisme, pour promouvoir la stabilité et les relations économiques entre des Etats situés dans des camps opposés lors de la guerre froide, se tient à un moment où la Russie de Poutine est de retour sur la scène internationale, contestant avec vigueur et esprit de suite le monde unipolaire que les Etats-Unis avaient estimé avoir édifié. La réunion se déroule dans l'ancien palais ottoman, sur le Bosphore, en présence de l'Albanie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, la Grèce, la Moldavie, la Roumanie, la Serbie, la Turquie, l'Ukraine et la Russie. Poutine devrait, cependant, faire preuve de beaucoup de doigté pour trouver des dénominateurs communs à cette organisation caractérisée par divers différends entre ses Etats membres. L'Arménie n'a pas de relations diplomatiques avec Ankara en raison de la profonde divergence des deux pays voisins sur les massacres d'Arméniens en Turquie ottomane pendant la Première Guerre mondiale, à propos desquels Ankara refuse de parler de génocide. En 1993, la Turquie a fermé sa frontière avec l'Arménie dans un geste de solidarité avec l'Azerbaïdjan, en guerre avec l'Arménie pour l'enclave du Nagorny Karabakh. Poutine pourrait tout de même obtenir un consensus sur la lutte antiterroriste et la lutte contre le crime organisé qui fait ravage dans la région. Les Turcs, plus pragmatiques, souhaitent améliorer les infrastructures de transport autour de la mer Noire afin de promouvoir le tourisme et le commerce, avec notamment la création d'un anneau autoroutier de 7 500 km le long des côtes de cette mer intérieure. D. B.