Apparemment très gênés, des députés FLN ont voulu prendre la défense de leur chef de file. Le pire a été évité in extremis, hier à l'APN. Le torchon brûle entre les députés RCD et FLN. La plénière consacrée au débat sur le programme gouvernemental fut sérieusement déstabilisée. Tout a commencé lorsque M.Ali Brahimi du RCD, prend la parole pour intervenir dans le débat. Des critiques acerbes sont prononcées contre le staff de M.Abdelaziz Belkhadem: «Vous avez évoqué, Monsieur Belkhadem, la réforme des structures de l'Etat dans votre discours. Malheureusement, l'on constate que cela est loin d'être un souci pour votre gouvernement», lance-t-il. Brahimi ne s'arrêtera pas là et dénonce la volonté de l'Exécutif de «brader le mandat des élus locaux». L'on reproche à Belkhadem aussi sa transgression répétée de la Constitution. Apparemment très gênés, des députés FLN ont voulu prendre la défense de leur chef de file. Ils ont tenté de chahuter l'intervention en tapant sur les pupitres, invitant par là même, le député à utiliser la langue arabe au lieu du français. Abdelaziz Ziari, président de l'APN, intervient pour appeler au calme et inviter M.Brahimi à respecter le règlement intérieur en intervenant «en langue arabe, qui est la langue officielle et nationale du pays». Une mise au point qui a exacerbé la situation. Nouredine Aït Hamouda, député RCD, demande un point d'ordre et rappelle à M Ziari que «Tamazight est aussi une langue nationale». «Soyez patients, nous sommes appelés à cohabiter pendant cinq longues années et le RCD ne se taira pas» s'ajoute-t-il. Dans les coulisses, les deux parties haussent le ton. Mohamed Seghir Kara du FLN tente de calmer les esprits. Les députés du FLN rappellent à l'ordre leurs collègues de Batna, à l'origine du problème. «La sixième législature promet beaucoup de surprises», lance un confrère. Par ailleurs, depuis la reprise de la session de printemps, les députés de M.Saïd Sadi ne ratent aucune occasion pour faire valoir «l'écart existant entre ce parti et les autres formations de l'alliance et même ceux de l'opposition». Mettant de côté le programme gouvernemental, le RCD transforme ces débats en un véritable réquisitoire contre le pouvoir. Tarek Mira s'est interrogé sur «le silence affiché par l'Exécutif au chapitre de la révision constitutionnelle». Mettant en exergue aussi «l'ambiguïté du pouvoir dans le traitement du dossier sécuritaire». Le Parti des travailleurs axe ses remarques sur l'aspect économique du programme. Il dénonce, à ce propos, le recul affiché et l'absence de clairvoyance dans la démarche du gouvernement, qui prend des mesures et recule quelque temps après. M.Abid, à titre d'exemple, cite «l'abrogation de la circulaire interdisant le dépôt des avoirs des entreprises publiques dans des banques privées.» Le PT demande au président de continuer dans sa démarche visant à «renationaliser le secteur des hydrocarbures» et doute des chiffres annoncés par M.Abdelaziz Belkhadem concernant le processus de privatisation. Les députés du MSP commencent toujours leur intervention en rendant hommage aux «efforts consenti par le gouvernement» pour tranquilliser leurs alliés, le FLN et le RND avant se permettre quelques critiques de forme sur la réforme de l'école, la stratégie d'aide aux démunis et la politique de l'emploi. Quant au RNDistes ils semblent suivre le mot d'ordre du secrétaire général M.Ahmed Ouyahia. La majorité des députés ont, en effet, affirmé qu'il ne suffit pas de critiquer, «le rôle de la classe politique étant d'apporter des solutions comme c'est le cas du RND».