Selon une étude effectuée par la Cnuced, les investissements directes étrangers (IDE) vers les pays de la région Meda sont passés d'une dizaine de milliards de dollars en 2000 à une trentaine de milliards de dollars en 2005 et devraient avoisiner les 50 milliards de dollars en 2006. Une nette progression des IDE dans cette partie du monde est constatée depuis plusieurs années pour devenir actuellement, selon les analystes, première ressource extérieure de la région. Pour l'Algérie, le montant est passé de 260 millions de dollars à plus de 3 milliards de dollars en 2006. L'Israël rafle la mise avec un montant global 13,5 milliards de dollars alors que l'Egypte bénéficie d'une valeur de 5,3 milliards de dollars durant l'exercice précédent. Le Maroc et la Tunisie ont pu attirer respectivement 2,9 et 3,3 milliards de dollars en 2006. Face à ces flux entrants, les sorties des capitaux restent importantes soit près de 8 milliards de dollars/an pour les placements à l'étranger à partir du Maghreb central qui partent grossir un stock de plus de 100 milliards dollars ; dividendes rapatriés par les entreprises étrangères. Le retour vers ces pays du Meda pour lancer des projets d'investissement est, d'après la communication présentée récemment par M. Henry Pierre, expert, dû aux efforts consentis par ces nations pour concrétiser les réformes, adopter les lois et réglementations qui protègent mieux les entreprises… Le marché offre également des opportunités intéressantes à ces investisseurs. L'argent tiré des hydrocarbures et réinvesti dans d'autres projets d'équipements tels que le Plan de soutien à la relance économique initié par l'Algérie d'une enveloppe de plus de 100 milliards de dollars annoncée sur 5 ans attire aussi les IDE. L'établissement ou le rachat de réseau bancaires ou d'assurance et la création de fonds avec des montants investis importants contribue en outre dans ce regain d'intérêt pour la région. Les opérations de privatisation et les projets de concession entrepris dans ces pays notamment en l'Algérie, l'Egypte ne laissent pas indifférents les hommes d'affaires d'outre-mer. Il a été relevé, par ailleurs, que les investissements dans le secteur industriel demeurent faibles. Ainsi, la création, extension ou délocalisation d'activité de sociétés restent faibles. Cela ne représente que 45% en nombre de projets et 38% en montants. Les projets d'extension n'atteignent pas 10%. Plus de 23% des projets ont une dimension financière à savoir prise de participation, privatisations. Mais cela représente plus de la moitié soit 53% des montants investis surtout dans des domaines tels que l'acquisition de réseaux bancaires, licences de télécommunications. Le reste du portefeuille englobe les projets commerciaux tels que les filiales, franchise, enseignes, bureaux de représentation soit 22% des projets, mais le montant investi peu significatif. L'analyse par secteur confirme l'importance des projets à caractère financier ou de rente comme les banques (113 projets pour l'équivalent de 12,5 milliards de d'euros. Le secteur est suivi de l'immobilier et le transport (105 projets et 10 milliards d'euros). Le tourisme a bénéficié de 75 projets pour une valeur de 6,9 milliards d'euros ce qui a créé plus de 53 000 postes d'emploi… Pour ces IDE, indique-t-on dans cette étude, la part de l'Europe n'est plus majoritaire comme en 2006 soit 43% des projets seulement et 25% de la valeur totale. Celle de l'Amérique du Nord est par contre en évolution depuis 2003 grâce au secteur de l'énergie. “La surprise vient des pays du Golfe et autres pays du Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) qui deviennent les premiers investisseurs en valeur soit 36%”, précisera M. Henry Pierre. Il a été recensé 26 projets supérieurs à 1 milliard d'euros annoncés en 2006. Dans l'analyse, l'accent a été mis sur l'ouverture du secteur bancaire qui suit son cours en Algérie. L'intégration régionale progresse dans le secteur bancaire. Ainsi, pour l'année 2006, il a été initié 14 investissements intra-Meda, dont 8 à destination de l'Algérie en provenance des voisins maghrébins. Des banques marocaines telles que BMCE et Attijari Wafa Bank, Tunisiennes (Biat, UIB et BTEI), Blom Bank, Byblos Bank et Fransabank (Liban), s'installent en effet progressivement en Algérie. “Même si l'Algérie a attiré environ 100 projets en IDE en 2006, les montants cumulés de ces opérations, quand ils sont disponibles, donnent un total décevant à peine supérieur à celui de 2003 soit 2,3 milliards de dollars”, constatera M. Henry Pierre. De par sa population estimée à 30 millions d'habitants, les montants d'IDE restent insuffisants puisqu'ils avoisinent les 76,5 euros/citoyen tandis qu'au Maroc, il est évalué à 188 euros/habitant pour ne cuiter que ce pays. Badreddine KHRIS