L'ex-directeur du CTC de la wilaya de Boumerdès, M. Rouidjali Rédha, a affirmé, hier, au tribunal que ses différents rapports envoyés à sa direction au sujet de la circulation dans le marché national du rond à béton et de ciment de mauvaise qualité sont demeurés sans réponse. “Nous avons trouvé sur des chantiers du rond à béton qui se casse facilement parce qu'il contient du carbone”, a indiqué cet ingénieur en génie civil qui s'exprimait en qualité de témoin lors de cette affaire consacrée au dossier des 152 logements de l'EPLF des Issers. M. Rouidjali a également affirmé que ses services ont dû intervenir à plusieurs reprises pour exiger des entreprises de se conformer aux règles de construction. Comme il a soutenu que le rôle du CTC se limitait à faire la police d'assurance sur les constructions et ne peut, en aucun cas, annuler un projet qui présente des anomalies. Le président du tribunal, M. Benabdallah Redhouane, lui demande si en cas où un bureau d'études et un entrepreneur seraient associés dans des travaux de malfaçon que peut faire le CTC ? “On suspend les opérations de contrôle”, répond M. Rouidjali. Seulement, s'interroge M. Benabdallah, “on signale ceci au maître de l'ouvrage et au maître de l'œuvre et fait un rapport au service contentieux du CTC qui intervient pour résilier le contrat”, répond M. Rouidjali. “C'est tout”, s'exclame M. Benabdallah ? “Oui, il existe un vide juridique”, précise l'ex-directeur du CTC ajoutant que le CTC travaille avec ses clients sur la base d'une convention uniforme et qu'elle ne peut en aucun cas être discutée. Le P-DG de l'EPLF, Selkim Mohamed, a, encore une fois, rejeté les accusations portées contre lui en déclarant qu'à sa prise de fonction au sein de l'EPLF en qualité de P-DG, les gros œuvres étaient réalisés à 100%. Le procureur intervient pour demander à M. Selkim s'il a réuni ses collaborateurs pour étudier les problèmes des trois sites concernés par le séisme. “Nous le faisons suivant la nécessité”, répond M. Selkim. Quant à M. Serkisti, technicien du CTC, interpellé en qualité d'accusé dans cette affaire, il a déclaré avoir travaillé seulement pendant cinq mois dans ce chantier des 252-Logements des Issers bien qu'il fût sous la coupe de son collègue, Haranni Abdelkader. “Nous étions 7 techniciens pour 300 chantiers et nous avons fait de notre mieux pour assurer nos missions”, précise l'accusé. Le président du tribunal lui demande si des réserves ont été faites par le CTC sur ce chantier. “Oui, sur le ferraillage des escaliers”. Le chef du projet, qui représente l'entrepreneur, M. Chabani, décédé, a affirmé que “les travaux ont été effectués suivant la réglementation, et les travaux ont été toujours contrôlés par le CTC et le bureau d'études”. À une question sur l'utilisation par son entreprise du gravier roulé, le chef du projet affirme qu'il s'agit du gravier semi-concassé. “C'est quoi le gravier semi-concassé ?”, l'interpelle M. Benabdallah. “C'est un gravier qui a été autorisé par les différents intervenants”, répond le chef du projet. Le président du tribunal lui demande si les 13 bâtiments, y compris les bâtiments 10 et 11, ont été réalisés au temps de Selkim. “Non, c'est avant qu'il ne soit là”, répond le même responsable. Et d'ajouter pour justifier l'effondrement des deux bâtiments que des citoyens ont piqué sur des poteaux de soutien pour accrocher des portes métalliques comme ils ont touché des dalles pleines pour faire passer leur évacuation. Pour les experts, l'entreprises a utilisé du mauvais béton (présence du gravier roulé) et de nombreuses anomalies ont été relevées aussi bien dans le ferraillage que dans le béton armé. M. T.