“Nous n'avons pas été associés à l'élaboration du règlement sur le zonage parasismique”, a indiqué, hier, M. Yelles Chaouch, directeur du Centre national de recherche en astronomie et astrophysique et géologie (Craag) précisant que ce code de zonage a été établi par le ministère de l'Habitat et que le rôle du Craag se limitait à fournir des informations. Maître Benberah, qui posait les questions, revient à la charge pour demander à M. Yelles d'expliquer à l'assistance comment la wilaya de Ouargla a été classée zone zéro, alors qu'elle a été frappée récemment par un séisme. “Cette région se trouve non loin de Gafsa où un accident tonique, il y a quelques années et par conséquent ce séisme, ne pourrait être que le prolongement de cet accident”, explique M. Yelles et d'ajouter que si un séisme se produit au Sahara, ce sera une nouvelle donnée sur l'activité sismique comme c'est le cas en Inde où l'Himâlaya a connu un mouvement de la terre que la carte sismique n'a pas prévu. Maître Benberah sort de son cartable un document établi par des Américains indiquant que tout le nord de l'Algérie est considéré comme une région sismique et demande à M. Yelles, si le Craag a informé les hautes autorités du pays sur ces données et si elles ont été utilisées pour l'élaboration des différents règlements parasismiques algériens (RPA). M. Yelles avoue l'existence de ce document, mais ses explications, axées notamment sur le manque de précisions du document en question, ne semblent pas convaincre l'avocat. Ce dernier rebondit en demandant au directeur du Craag pourquoi avoir classé Boumerdès zone 2, alors qu'elle devait être classée zone 3. “Cette classification correspondait à un état de connaissance précis à un moment précis”, avant d'ajouter que “cette situation peut évoluer dans le futur, c'est comme le téléphone, du fixe ont est passé au portable,” répond le directeur du Craag. À ce moment-là, le procureur M. Belhadj Abdallah intervient pour lui demander si on ne s'est pas trompé de zonage. “Non, cette classification correspondait aux données existantes à cette époque”, répond M. Yelles ajoutant que le séisme est une science. “Cette science connaît ce qu'elle connaît, mais ne maîtrise pas ce qu'elle ne connaît pas”, ajoute -t-il. Le même responsable indique que la puissance du séisme n'était pas la seule raison de l'effondrement des constructions, mais de nombreuses anomalies ont été relevées ajoutant que si le RPA en vigueur a été appliqué comme il se doit, les dégâts seraient moindres et il cite l'exemple du Japon où les séismes font très peu de dégâts. “Ah bon ! Puisque c'est vous qui le dites, donnez-moi des explications sur le séisme qui a frappé le Japon en 1995 et qui a fait 5 000 morts”, l'interpelle Maître Brahimi. Encore une question pertinente de maître Benberah qui demande au directeur du Craag de lui fournir la moindre explication sur les dégâts importants causés à la centrale nucléaire de Kashiwazaki au Japon par un séisme trois fois moins intense de celui de Boumerdès. “Pourtant, cette centrale devait résister 350 fois plus par rapport à un bâtiment de l'EPLF des Issers ou celui de l'OPGI de Corso”. La question désarçonne M. Yelles qui avoue ne pas avoir de réponse à ce cas précis. Un autre point marqué par les avocats qui ont remis en cause la politique du ministre de l'Habitat qui, selon eux, n'a pas tenu compte du paramètre parasismique lors de l'élaboration des plans d'urbanisme (PDAU) et les plans d'occupation du sol (POS). Maître Bourayou demande au directeur du Craag comment peut-on expliquer que sur un même site et avec la même entreprise et le même type de construction, un bâtiment s'effondre et un autre reste debout. “Il faut avoir des renseignements sur chaque construction et sur la nature du sol”, affirme M. Yelles et d'ajouter que Boumerdès a été frappée par un séisme provoqué par des vagues horizontales et des vagues verticales. M. T.