L'expansion budgétaire et les hausses salariales exigeront un resserrement de la politique monétaire pour endiguer les pressions inflationnistes. Le taux d'inflation pourrait connaître cette année une hausse importante. Certains organismes le situent à environ 4%. L'Office national des statistiques avait déjà indiqué que le taux d'inflation en Algérie a atteint 2,8% durant le premier semestre 2007. Cette variation de l'inflation en Algérie est due essentiellement à une augmentation, pendant les six mois, des prix des biens alimentaires, notamment les produits agricoles frais (+4,2%). L'enquête qui a touché 17 villes et villages représentatifs du territoire national révèle l'augmentation également des produits divers (lubrifiants, vaisselle, tarifs de stationnement...) avec +2,7%, les produits de santé et d'hygiène corporelle (+2,7%) et les meubles et articles d'ameublement avec +0,7%. Il n'y a pas encore le feu. Mais la tendance risque de s'accentuer, ce mois d'août et le moins de septembre, qui coïncide avec le mois de Ramadhan, un mois dépensier pour les Algériens. D'autant que ce ne sont pas seulement les produits alimentaires qui sont touchés par la hausse des prix, mais aussi de nombreux matériaux de construction de base, comme le fer, le sable et le ciment. Un petit surcroît d'inflation n'est pas grave en soi. C'est le prix à payer à un grand surcroît d'activité. Mais, malheureusement, et c'est là tout le problème, en face d'une demande relancée par le budget de l'Etat, l'offre de biens et services est très rigide. Ce décalage influe directement sur les prix. L'expansion budgétaire et les hausses salariales exigeront un resserrement de la politique monétaire pour endiguer les pressions inflationnistes. D'autant que la croissance cette année sera moins bonne que celle enregistrée en 2005. Elle sera peut-être légèrement supérieure à celle de 2006, décevante. L'espoir d'une croissance forte et durable semble s'évaporer. Ces résultats montrent la faiblesse de performance de l'économie algérienne et particulièrement de son industrie dont le secteur public a subi pas moins de six restructurations en vingt ans, sans aboutir à une forme de gestion cohérente. En vingt ans, ces réformes ont fini par produire, à la tête de l'économie et des entreprises, une bureaucratie pléthorique et incompétente dont le souci principal ne concerne que ses privilèges et sa reproduction. Il ne s'agit pas seulement de résistances au changement. En vingt ans, cette bureaucratie a pris les entreprises et l'économie tout entière en otages. Il faudrait alors changer le régime de croissance. Beaucoup de commentateurs ont relevé “le caractère éphémère et coûteux de la croissance économique en Algérie”. Elle ne résulte pas, en effet, d'une dynamique propre aux différents secteurs d'activité, mais d'une très forte augmentation des dépenses publiques d'équipement et de la très bonne tenue des prix des hydrocarbures. Malheureusement, cette forte augmentation des dépenses publiques n'a pas eu d'effet d'entraînement sur le secteur industriel. La production industrielle globale du secteur public national a baissé de 0,3% en 2006. La baisse est, par contre, beaucoup plus importante dans les industries manufacturières (-2,2%) et particulièrement pour les industries des cuirs et chaussures qui enregistrent de fortes contre-performances en 2005 avec une baisse de -19,3%, et en 2006 avec une baisse de -15,9%. Les industries des textiles et de la confection, après une croissance nulle en 2005, enregistrent en 2006 une baisse de production de 14%. L'année 2006 est caractérisée par un ralentissement des activités économiques. Elle s'est traduite par une augmentation substantielle des fermetures d'entreprises (taux de cessation d'activités : 35,5% pour les personnes morales et 4% pour les personnes physiques) et également par la baisse des créations (-11,8% pour les personnes morales et -1,4% pour les personnes physiques). Il faudrait alors changer le régime de croissance, passé d'une croissance extensive (lorsqu'elle résulte d'un accroissement proportionnel de l'emploi et du stock de capital) à une croissance intensive (lorsqu'elle résulte d'une augmentation de la productivité). Peut-on faire doper le pouvoir d'achat de l'Algérien sans augmenter le niveau actuel des salaires ? Certains économistes disent évidement oui “sous une panoplie de conditions que seul un travail gouvernemental sérieux peut réaliser s'il est mené en association avec les acteurs économiques et sociaux pour s'engager dans la durée d'un cycle de stabilisation des prix et salaires en Algérie, pouvant s'étaler entre trois et cinq années”. Ces économistes estiment qu'il est possible, entre autres, d'agir sur la parité du dinar, réduire la TVA et l'IRG. Il est aussi possible de maîtriser les prix à la consommation en obligeant les chefs d'entreprise à plus de la transparence. “L'inflation par les coûts se produit lorsque les prix montent pour couvrir le total des coûts et maintenir les marges bénéficiaires trop gourmandes”, expliquent-ils. Il s'agit aussi de lutter contre la spéculation et les gains faciles entraînés par le marché informel qui déteint sur le marché des prix officiels. Et enfin, les habitudes d'achat des Algériens doivent changer. Meziane Rabhi