L'immunité n'est plus assurée pour un certain nombre de dignitaires du Makhzen, qui font l'objet d'enquêtes internationales, telle que celles ouvertes par le juge espagnol Garzon pour génocide contre le peuple sahraoui, où l'affaire de la disparition de l'opposant de Hassan II, Mehdi Ben Barka. Le patron de la Gendarmerie royale marocaine, le général Hosni Benslimane, l'ancien chef des services de renseignement le général, actuellement à la retraite, Abdelkader Kadiri, Miloud Tounzi, membre présumé du commando, qui a enlevé l'opposant marocain et Abdelhak Achaâchi, ancien agent de l'unité d'élite des services secrets marocains, le Cab1, sont désormais recherchés par toutes les polices du monde. En effet, les mandats d'arrêt les concernant sur instruction juge d'instruction du Tribunal de grande instance de Paris en charge de cette enquête sur la disparition de Mehdi Ben Barka, Patrick Ramaël, ont été officiellement diffusés mardi passé par Interpol, à l'exception du cinquième mandat nécessitant de plus amples informations. Il s'agit du mandat visant Boubker Hassouni, également membre présumé du Cab1, qui n'a à ce stade pas été diffusé. Ainsi, les quatre dignitaires du Makhzen sus-cités sont interdits de sortie à l'étranger et ne peuvent plus quitter le territoire marocain sous peine de se faire arrêter et traduits devant la justice française. Ceci étant, l'un des responsables visés par l'opération Interpol, en l'occurrence Miloud Tounzi, estimant que sa présomption d'innocence a été violée, a procédé vendredi à Paris au dépôt d'une plainte pour “violation du secret de l'instruction et recel”, par le biais de son avocat. La plainte a été déposée le 13 novembre courant auprès du procureur de la République de Paris, confirme une source judiciaire française. Dans un communiqué rendu public, Me Philippe Clément indique : “C'est avec la plus grande stupéfaction que le 19 octobre dernier M. Miloud Tounzi a appris par M. Joseph Tual, journaliste à France 3, qu'un mandat d'arrêt international allait être émis contre lui.” Dans le même ordre d'idées, l'avocat affirme que son client n'avait auparavant “jamais fait l'objet de la moindre convocation par le magistrat en charge du dossier”. Pour rappel, Mehdi Ben Barka a disparu le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp à Paris, lors d'une opération attribuée aux services marocains du roi Hassan II avec la complicité de policiers et de truands français. Son corps n'a jamais été retrouvé à ce jour.Reste à savoir maintenant que cette affaire prend des proportions inattendues avec la diffusion des mandats d'arrêt par Interpol, comment le royaume marocain va réagir pour défendre ses serviteurs. Dans un premier temps, le ministère marocain de la Justice a affirmé hier dans un communiqué n'avoir pas reçu de mandats d'arrêt contre des citoyens marocains dans le cadre l'affaire Ben Barka, tout en dénonçant “la partialité” du juge chargé de l'enquête en France. “Le ministère de la Justice dément catégoriquement avoir eu connaissance ou avoir reçu un quelconque mandat d'arrêt en rapport avec cette affaire, et ce, ni directement, à travers les autorités judiciaires marocaines compétentes, ni indirectement, par voie diplomatique ou sécuritaire”, affirme le communiqué. Déplorant “la partialité et les provocations ayant entaché la procédure d'instruction de la part du juge français”, la même source a ajouté que “la diffusion de ce genre d'informations, entourée de rumeurs et d'arrière-pensées tendancieuses est de nature à porter préjudice au bon déroulement de l'instruction sur cette affaire lancinante et complexe”. Affaire à suivre ! K. ABDELKAMEL