La repentance demandée à la France ne peut exclure l'aspect nucléaire. Les essais effectués par ce pays sur notre territoire sont toujours "palpables" sur le terrain. Si les Français se considèrent comme les leaders de la technologie nucléaire, c'est surtout grâce à l'Algérie. Il faut se rappeler que les premiers essais hexagonaux ont été effectués sur notre territoire dès février 1960 et ils ne se sont arrêtés qu'en juillet 1966. Au nombre de 17 (4 aériens à Reggane et 13 souterrains à In Ekker), leurs néfastes effets sont toujours perceptibles dans le Sud algérien. Les spécialistes proches du dossier dénombrent au moins de 30 000 victimes algériennes “directes” de ces essais dès les premiers jours. En plus de la population locale, il y avait aussi des prisonniers algériens parqués sur les lieux en tant que cobayes. Presque 50 ans après on peut constater encore les désastreuses conséquences sur les gens de la région. Au taux anormalement élevé des personnes malades de cancer il faut ajouter les malformations congénitales chez les nouveau-nés et la baisse de fertilité. D'ailleurs la zone contaminée dépasserait de très loin les 150 km autour des lieux des essais délimités par les experts français de l'époque. Plusieurs études mentionnaient que le Portugal, la Libye, la Tunisie et le Niger avaient été touchés par des retombées radioactives. Les effets sur l'environnement sont aussi très importants et restent bien perceptibles jusqu'à ce jour. Il y a ainsi la question des déchets radioactifs qui est toujours en suspens entre les deux pays. Jusqu'à maintenant la France n'a pas encore fourni de précisions (ni vagues ni précises) sur leur emplacement. Un “embargo” justifié par le secret défense et qui est loin d'être convaincant surtout que la situation mondiale a totalement changé depuis les années 60. D'ailleurs, lors du Colloque international sur les conséquences des essais nucléaires qui s'était déroulé, en février dernier, à Alger (et auquel le président Bouteflika ainsi que le directeur général de l'AIEA, Mohamed El Baradei, ont assistés), l'une des recommandations a été de “lever le sceau du secret défense sur toutes les archives se rapportant aux essais et explosions nucléaires français afin qu'elles servent de documents de référence aux chercheurs et experts”. Une “demande” qui reste toujours sans écho. Aussi, il ne faut pas oublier que ces 17 essais répertoriés ne se sont pas passés sans complications. L'Algérie a eu ainsi à subir des “Tchernobyl”. Au moins deux accidents significatifs ont été enregistrés lors des essais effectués sur notre territoire et dont les conséquences sont toujours “palpables” sur les lieux. Il s'agit de celui effectué le 30 mars 1962 (soit juste 11 jours après les accords d'Evian), appelé tir “Améthyste” et où de la lave a été projetée, et du “tir de Béryl” effectué le 1er mai de la même année. Lors de ce second essai un nuage radioactif s'était répandu dans l'atmosphère suite à “une erreur de réglage”. En conséquence, il y a ce problème de la radioactivité résiduelle. Les conséquences ne peuvent qu'être catastrophiques. Les sites sur lesquels les essais ont été effectués sont toujours contaminés par une radioactivité résiduelle. Du coup, il aurait été plus “décent” qu'avant de nous proposer de nous vendre ces centrales nucléaires, la France doit au moins essayer de “nettoyer” son passif radioactif (en attendant les autres). Salim Koudil