Aucun arrangement, portant sur un investissement productif hors hydrocarbures, n'a été conclu au cours de la visite du président français en Algérie. Au terme d'une visite de trois jours, il convient de retenir que ce séjour a été marqué par la signature de contrats d'un montant de plus de cinq milliards d'euros. Les plus significatifs relèvent du secteur de l'énergie. D'abord, un accord portant développement du nucléaire civil en Algérie incluant un important volet formation et la contribution de la France via la firme Areva à la réalisation de centrales nucléaires en Algérie. Le second accord important est la reconduction des accords de livraison de gaz portant sur 10 milliards de mètres cubes de GNL jusqu'en 2019. La valeur de ce contrat au profit de l'Algérie est de 2,5 milliards d'euros/an aux prix actuels. Le troisième arrangement porte sur un investissement de 1,5 milliard de dollars par Total dans la réalisation d'une unité de vapocraquage d'éthane à Arzew. Le quatrième confie à Alstom associé à Orascom la réalisation d'une centrale électrique de 1 200 MW à Terga pour un montant de plus de 1,3 milliard d'euros dont 800 millions revenant à la firme française. Le cinquième attribue à la RATP la gestion du métro d'Alger pour un montant de 130 millions d'euros. D'autres contrats ont été annoncés par le chef de l'Etat français, mais n'ont pas été signés. Le premier porte sur un investissement de un milliard de dollars de GDF dans le développement du gisement de Touat. Les négociations seraient toujours en cours. Les contrats confiant à Alstom l'équipement des tramways d'Oran et de Constantine n'ont pas été conclus lors de cette visite. De même, un silence a été observé sur l'unité de montage par Alstom de tramways. Selon la partie française, ce sont des accords acquis qui vont être signés au cours des prochains mois. Il convient de noter qu'aucun accord portant sur un investissement productif hors hydrocarbures n'a été conclu au cours de cette visite. Et l'unité de montage de tramways ? Le développement de la relation économique algéro-française reste suspendue à la promesse réitérée par le chef de l'Etat français de construire un partenariat d'exception entre les deux pays. Elle sera fondée sur le triptyque : former, investir, échanger. Au cours de ce séjour, Nicolas Sarkozy a en ce sens appelé les investisseurs français à s'engager davantage en Algérie. C'est un coup de pouce politique à une intensification des investissements français en Algérie. Il s'agit de savoir si dans la durée ces derniers seront sensibles à ce discours et surtout aux atouts d'un marché reflété par un plan de modernisation du pays doté d'une enveloppe de 180 milliards de dollars. Sur ce point, les investisseurs français font valoir les contraintes persistantes à l'investissement français en Algérie, des difficultés réelles mais qui n'ont pas empêché pour autant des firmes comme Castel, Danone, Michelin, de faire preuve de ténacité et de s'engager en Algérie. Silence sur les comités techniques Un silence a été également observé concernant les comités techniques conjoints dans les secteurs de l'agroalimentaire, la pharmacie et l'automobile. Le ministre de l'Industrie, M. Temmar, s'était rendu à plusieurs reprises à Paris à cet effet. L'objectif de groupes de travail était d'impliquer les sociétés françaises dans la nouvelle stratégie industrielle, à travers l'identification de projets industriels structurants permettant une plus grande intégration de l'économie nationale. Aucun accord n'a été signé dans ce sens. Ont-ils tourné au fiasco ? En particulier, il semble que Renault et Peugeot soient réticents à implanter des usines de montage de véhicules en Algérie, en dépit d'un marché en forte croissance, l'un des plus importants en Afrique. Cependant, les discussions se poursuivent selon le Forum des chefs d'entreprise sur la création de technopôles en Algérie en partenariat avec les firmes françaises. En définitive, les bonnes intentions de Sarkozy de construire un partenariat d'exceptions se traduiront-elles en actes ? Les chantiers sont ouverts. Elles invitent à un suivi. L'année 2008 sera ainsi une année probatoire de l'engagement de chacune des deux parties dans cette œuvre proclamée de refondation des relations algéro-françaises. N. Ryad