L'auditorium du Théâtre de verdure d'Alger a abrité, hier dans l'après-midi, une conférence-débat sur le soufisme, animée principalement par Cheikh Khaled Bentounès, maître de la tariqa Alawiya, fondée en 1909 à Mostaganem par son arrière grand-père. La rencontre a été amorcée par la projection d'un film documentaire Le soufisme, tradition et modernité, qui retrace, en 25 minutes, l'historique du soufisme à travers les siècles et les différentes confréries auxquelles il a donné naissance dans le monde musulman. Selon ses initiateurs et ses adeptes, le soufisme trouve son essence dans “la dimension spirituelle de l'islam”, en ce sens qu'il incarne le côté ésotérique de la religion. Cheikh Khaled Bentounès, qui officie à la tête de la confrérie Alawiya depuis le décès de son père en 1975, a tenté ensuite d'apporter quelques réponses aux interrogations d'une assistance venue nombreuse participer à la rencontre. En voulant rester, autant que possible, dans la sphère conjoncturelle que vit notre société, le conférencier a affirmé qu'il n'était pas loisible de connaître l'islam à travers la culture de la peur et de la violence. “Nous avons besoin qu'on nous enseigne la religion dans la fraternité… Nous avons besoin de spiritualité.” Il a soutenu qu'il n'est pas intéressé par une quelconque publicité pour sa zaouïa. L'essentiel étant d'œuvrer à construire une perception qui ne s'éloigne plus des vraies valeurs de l'islam. Il a regretté que de nos jours, le musulman sincère rencontre des difficultés à parler de sa religion sans être taxé systématiquement de non-musulman. Il a ajouté que le problème majeur des musulmans est d'ordre identitaire. “Nous ne savons plus d'où nous venons”, a-t-il lancé. Interpellé sur le phénomène des harragas auquel s'oppose celui des kamikazes, Cheikh Bentounès a répondu que “les harragas aussi bien que les kamikazes sont l'échec de la société algéro-musulmane”. S. H.