Après l'immigration choisie, les expulsions, les tests ADN et le casse-tête des enfants d'immigrés scolarisés et de leurs parents indésirables et à expulser, le dispositif sera renforcé par des fichiers informatisés. Six mois après que le Conseil d'Etat l'eut annulé, le gouvernement français va créer son fichier informatisé des étrangers en situation irrégulière. Avec la précision “faisant l'objet d'une mesure d'éloignement”, pour ne pas subir un autre désaveu de l'institution qui veille à la conformité avec la lettre et l'esprit de la Constitution. Baptisé Eloi, comme éloignement, le fichier centralisera de multiples données sur cette catégorie d'étrangers, telles que l'identité de l'intéressé, de ses parents et de ses enfants, les étapes de la procédure le concernant ou encore la nécessité d'une surveillance particulière au regard de l'ordre public. Un vrai fichier de police informatisé, que le président français avait essayé de mettre en œuvre lorsqu'il était déjà ministre de l'Intérieur (août 2006), provoquant des protestations l'assimilant à une opération de flicage et d'atteinte aux libertés individuelles. Le Conseil d'Etat avait annulé cette première mouture en mars 2007, en estimant qu'un tel fichier ne pouvait être créé que par décret en Conseil d'Etat après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), ce qui, apparemment, a été fait. Le fichier complète la loi Hortefeux qui elle-même a prolongé les lois Sarkozy de 2003 et 2006. Après l'immigration choisie, les expulsions, les tests ADN et le casse-tête des enfants d'immigrés scolarisés et de leurs parents indésirables et à expulser, le dispositif sera renforcé par des fichiers informatisés. Sarkozy assure ainsi mettre un terme à l'immigration clandestine. Combien sont-ils ces clandestins ? En 2004, le Sénat avait estimé leur chiffre à 400 000 et cette année l'ambassadeur de France en Algérie a dit, avant la venue de Sarkozy à Alger, qu'il y a au moins 350 000 Algériens en situation irrégulière en France ! En dehors de ces annonces, aucune statistique par provenance géographique des clandestins n'est possible, ont avoué l'INED et l'INSEE, les tableaux de bord des statistiques françaises. Les reconduites au pays d'origine se font à tour de bras et Sarkozy n'arrête pas de dire qu'elles sont encore loin d'atteindre les chiffres prévus. Et même pour l'immigration de travail prôné par lui, personne chez lui ne peut dire de combien a besoin la France, si ce n'est qu'il n'y a plus de travail à donner sauf dans certains secteurs particuliers ou de pointe. Ce qui est plus ou moins quantifié, c'est l'immigration légale qui reste en majorité africaine. Au recensement de 1999 : 43,5% maghrébine et subsaharienne, 12,6 % asiatique dont 6,3% de Turcs, et les Chinois n'étaient que 6,3%. Mais depuis 2000, plus de chiffre, le recensement traditionnel étant remplacé par une méthode d'échantillonnage probabiliste dite méthode de Leslie Kish, peu fiable et utilisée pour les pays du tiers-monde sous-administrés. D. Bouatta