Coïncidant avec le début du troisième round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, qui s'ouvre aujourd'hui à Manhasset, la découverte d'une fosse commune à Smara n'arrange pas les affaires de Rabat, sous le coup d'une enquête du juge espagnol Garzon pour génocide au Sahara occidental. Selon un communiqué du Comité sahraoui pour la défense des droits humains, repris par l'agence de presse SPS, une nouvelle fosse commune renfermant des cadavres de personnes a été découverte vendredi dernier près de l'enceinte d'une caserne militaire à Smara, construite par les autorités marocaines depuis l'occupation en 1976. La même source indique que la découverte macabre a été faite lors du terrassement d'un terrain dans le quartier El Aouda où les autorités d'occupation marocaine s'apprêtent à y édifier une grande salle. L'ONG sahraouie de défense des droits de l'homme réclame que “toute la lumière soit faite sur l'identité de ces personnes”, car “ces cadavres sont ceux des personnes portées disparues dans les prisons marocaines”. Conscientes de la gravité de la situation, les autorités marocaines se sont dépêchées sur le lieu et où des pressions ont été exercées sur les travailleurs, dans le but “d'empêcher toute diffusion d'information sur cet incident”, car redoutant des retombées négatives sur ses thèses expansionnistes dans ce conflit. L'association de défense des droits humains, qui met en garde contre “toute tentative de dissimuler la vérité”, estime que “ce comportement envers les travailleurs exprime la volonté des autorités marocaines de dissimuler la réalité des dizaines de disparus”. Partant de là, elle réclame “une enquête judiciaire transparente” à même “d'identifier scientifiquement ces cadavres”. Dans cette optique, l'ONG sahraouie lance un appel aux organisations de défense des droits de l'homme et aux forces démocratiques de par le monde à “agir d'urgence, afin d'exercer des pressions sur le Maroc pour l'amener à respecter ses engagements en vue de faire la lumière sur les centaines des disparus sahraouis”. Cela étant, cette célérité dans l'action des autorités marocaines s'explique également par la peur des résultats auxquels aboutirait l'enquête décidée par le juge espagnol Baltazar Garzon, lequel avait décidé d'ouvrir une enquête judiciaire sur les crimes de guerre et de génocide commis par le Maroc au Sahara occidental. Il y a lieu de souligner qu'une autre fosse commune renfermant cinq cadavres de personnes avait été découverte en novembre dernier près de l'enceinte est de la tristement célèbre Carcel negra, la prison noire, d'El Ayoune, comme cela avait été rapporté par l'Association des disparus sahraouis, basée dans cette ville. Enfin, rappelons que l'Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (AFAPREDESA), basée dans las camps de réfugiés sahraouis, réclame que la lumière soit faite sur le sort de plus de 500 civils sahraouis disparus, alors que le Front Polisario fait état de plus de 150 prisonniers de guerre sahraouis encore détenus par le Maroc. K. ABDELKAMEL