La petite et moyenne entreprise a été au centre d'un débat organisé hier par le Forum du quotidien El Moudjahid, animé par M. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif de la PME, M. Ali Bey Nasri, vice-président de l'Association nationale des exportateurs algériens, et M. Sid-Ali Abdelaoui de la Confédération générale des entrepreneurs algériens. Tous les intervenants s'accordent sur le fait que l'environnement actuel est loin d'être favorable à la consolidation et au développement de la PME algérienne. Certes, le poids de la PME dans le tissu national a fortement augmenté, la densité des entreprises a presque quadruplé pendant que le nombre de créations a plus que doublé, mais il n'en demeure pas moins que les chiffres restent à un niveau faible. L'Algérie offre l'image d'une multitude de microentreprises familiales, indépendantes et déconnectées les unes des autres. Les PME algériennes sont plutôt concentrées dans des niches ou des créneaux que le secteur public a délaissés, ce qui leur a donné des positions confortables de monopole ; elles sont de ce fait rentières et peu génératrices d'innovation jusque-là. “C'est que la PME ne semble pas être au centre des préoccupations du gouvernement. Il faut qu'elles le deviennent”, souligne M. Zaïm Bensaci. Dans une économie algérienne qui connaît une ouverture de plus en plus grande, un taux de chômage toujours trop élevé, l'avenir dépend, en grande partie, des PME-PMI et le développement de celles-ci de la possibilité qu'elles ont d'accéder à un financement efficace de leurs activités d'exploitation et d'investissement. Les PME-PMI accèdent difficilement au crédit. Plus risquées, plus volatiles, plus de temps pour la banque, les PME-PMI n'ont pas la cote. Pour les entreprises, le système bancaire algérien n'est toujours pas apte à les accompagner dans leur démarche de modernisation et d'investissement. Du coup, aux yeux de M. Bensaci, il faut créer des conditions pour l'émergence d'une instrumentation financière adaptée aux besoins des PME. “Pourquoi pas une caisse mutualiste où les opérateurs peuvent devenir actionnaires ?” estime le président du Conseil national consultatif de la PME. “Il faudrait consacrer 1% à 2% du produit intérieur brut au développement de la PME”, suggère-t-il. La Tunisie a lancé récemment une Bourse pour la PME. Le nouveau marché alternatif tunisien a ouvert, le 3 décembre 2007, afin de répondre aux particularités des PME, les conditions d'admission sur ce marché ont été simplifiées et limitées. “C'est un sujet tabou en Algérie”, regrette M. Bensaci. Le président du Conseil national consultatif de la PME annonce qu'un schéma de développement de la PME est en cours d'élaboration. Evoquant le programme de mise à niveau, les conférenciers estiment que “l'Algérie aurait pu mieux faire”. Ils qualifient “le programme de trop généraliste”. Du coup, ils préconisent un programme “plus volontariste et spécialisé par des filières et branches d'activités”. Impact du démantèlement tarifaire : 600 millions de dollars de pertes fiscales par an De son côté, le vice-président de l'Association nationale des exportateurs algériens affirme que chaque année l'Algérie, en raison du démantèlement tarifaire, perd environ 600 millions de dollars par an de recettes fiscales. En 2017, date-butoir pour l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange, les pertes fiscales pourraient atteindre 3 milliards de dollars. D'où l'urgence d'une politique de développement des exportations hors hydrocarbures. Mais là, c'est un autre débat. Ce qui est certain, face à l'inexorable intégration de l'Algérie dans l'économie mondiale, il est urgent d'identifier et de mettre en place les mesures qui permettront d'améliorer la compétitivité des PME pour se défendre d'abord dans leur marché, puis de pénétrer les marchés extérieurs. M. R.