Avec l'installation, samedi passé, de la Commission nationale de développement du gaz naturel carburant par M. Abdelaziz Belkhadem, l'Algérie a pris une sérieuse option sur une énergie réputée propre, et surtout qui fait économiser de l'argent et pour l'Etat et pour ses usagers. Notre pays veut emboîter ainsi le pas à certains pays européens qui ont déjà investi lourdement dans ce créneau et développé pour certains d'entre eux, depuis quelques années, un réseau dense de stations de remplissage de gaz naturel pour véhicules (GNV). Ce carburant, qui vient en substitution aux essences classiques, présente, outre ses performances environnementales, dit-on, des coûts 35% inférieurs à ceux de l'essence et 30% inférieurs à ceux du diesel. Sur ce chapitre précis, il faut bien admettre que notre pays est nettement mieux loti que les pays européens, et à ce titre, on est tenté de dire que les automobilistes algériens pourraient parcourir de longues distances pour une bouchée de pain. Si, bien sûr, les choses marchent comme le voudrait Abdelaziz Belkhadem qui affirmait, samedi, en ce sens que le GNC “sera à la portée de l'ensemble des citoyens dans les prochaines années”, expliquant que celui-ci “sera le carburant le moins cher par rapport aux autres sources d'énergie”. Dans son intervention, M. Belkhadem a indiqué que l'objectif étant de parvenir à généraliser l'utilisation de ce nouveau carburant et lui donner l'avantage et l'attractivité à même de lui assurer l'adhésion, aussi bien des investisseurs que des utilisateurs. Plus que d'autres pays, l'Algérie peut tirer le meilleur avantage de l'utilisation du gaz naturel carburant, d'autant mieux que les questions d'approvisionnement et de stockage, qui constituent jusqu'à maintenant un frein au développement de cette énergie de substitution aux essences classiques en Europe, ne se posent pas dans notre pays. L'Algérie produit quelque 150 milliards de m3 de gaz naturel par an, selon des chiffres officiels. Elle est parmi les premiers exportateurs mondiaux de gaz. Comme le relève le Chef du gouvernement, les raisons sont nombreuses pour prendre option : l'importance des réserves du pays en gaz, un réseau de transport et de distribution dense, une utilisation directe sans besoin de transformation, et donc sans la construction d'infrastructures coûteuses, ainsi que la protection de l'environnement par le développement de transports propres. Tout un programme qui arrive à convaincre les plus sceptiques. Cependant, nous croyons savoir que ce projet ne date pas d'aujourd'hui. En effet, selon nos informations, c'est un projet qui a été tiré une nouvelle fois des tiroirs après avoir été pris en charge, il y a de cela quelques années, par l'entreprise Sonelgaz. Et l'on saura en ce sens qu'une station de GNC a été déjà construite du côté de Gué-de-Constantine, à Alger. Cette station était censée être la première de tout un réseau qui devait s'étaler sur tout le territoire national et qui était destiné notamment aux véhicules utilitaires. La Sonelgaz ambitionnait donc de développer la commercialisation de ce carburant en prenant appui sur l'important réseau de gaz naturel déjà existant. Mais, le projet se termina en queue de poisson n'ayant suscité aucun engouement particulier chez les usagers potentiels. Trois raisons seraient à l'origine de cette désaffection. La première résidait dans le fait que le temps de remplissage des véhicules était extrêmement long. La seconde restait liée à l'installation des réservoirs dont le volume et la contenance iraient encombrer les véhicules. Et la dernière, pas des moindres, relevait des contraintes de sécurité qui imposait à la Sonelgaz d'entourer la création de stations de remplissage de conditions très strictes. Donc, si ce projet a été réactivé, il y a tout lieu de croire que le développement technologique occidental a trouvé des solutions à ces problèmes. Bien entendu, l'attractivité du GNC pour les utilisateurs se décline surtout par la facilité de l'installation des équipements dans les véhicules, mais aussi et surtout le moindre coût de cette installation et l'entretien de l'équipement. C'est d'ailleurs les principaux écueils du développement du GNV dans les pays européens. On se rappelle qu'au lancement du GPLC (Sirghaz), l'Etat ambitionnait d'en faire le principal carburant du pays. Tout concourait d'ailleurs à l'affirmer. Mais le succès se révéla très relatif. Qu'en sera-t-il du GNC ? Zahir Benmostepha