Le ministre de l'Education nationale a violemment réagi au dérapage de certains lycées qui ont scandé des slogans meurtriers à son encontre, estimant qu'ils ont été manipulés. “Celui qui veut obtenir son baccalauréat n'a qu'à suivre les cours et étudier normalement durant toute l'année. Je ne peux pas donner un bac à un élève qui ne veut pas étudier et qui a une moyenne annuelle faible. Pour moi, un élève qui a une moyenne annuelle de dix sur vingt peut facilement subir les épreuves du baccalauréat et sans équivoques !” Cette déclaration est du ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, qui persiste et signe. Rien ne sera changé dans les programmes d'études pour les élèves de terminale qui sont entrés en grève depuis quelques jours et qui menacent de reconduire leur mouvement dès aujourd'hui. Campant sur la position de la tutelle face aux revendications lycéennes, M. Benbouzid a estimé, en marge d'une rencontre politique du RND à Zéralda, qu'il y a eu beaucoup de manipulations qui ont fait que la situation s'envenime, non sans fustiger les tenants et les aboutissants de la protesta lycéenne. Visiblement irrité par les slogans meurtriers scandés contre sa personne, Benbouzid renchérit : “Moi, c'est le ministre de l'Education nationale. C'est à vous, les journalistes, de faire des investigations. Et vous saurez tout.” Et d'ajouter : “Le programme du baccalauréat ne pose réellement pas un problème aux élèves tant que 80% du programme répondent aux normes internationales et les 20% restants sont inspirés des réalités nationales comme l'histoire, l'éducation islamique et la philosophie. Le reste des programmes est reconnu par toutes les institutions internationales comme l'Unesco.” Plus loin, Benbouzid souligne que “d'une part, on nous dit que la réforme s'effectue lentement. Par ailleurs, on nous reproche d'accélérer ces mêmes réformes. Je dirai tout simplement que l'Algérie poursuit la réforme du système éducatif avec une vitesse moyenne par rapport à ce qui se fait dans le monde”. Du coup, le ministre pointe un doigt accusateur vers des cercles qu'il n'a pas nommés et qui sembleraient s'opposer à la réforme du système éducatif enclenchée depuis cinq ans. M. Benbouzid ira jusqu'à faire le parallèle avec la France. “En France, ils viennent d'annoncer une grande réforme pour appliquer exactement ce qui se fait chez nous. Nous sommes devenus une référence !” En revanche, M. Benbouzid a jugé que son département ne cédera pas devant le chantage et que le “baccalauréat n'est pas l'Everest ! On ne peut pas changer les choses sans qu'il y ait une onde de choc. Les lycéens ont peur du nouveau baccalauréat, c'est normal. Mais l'Etat a mis les moyens et déployé tout un programme pour faire face à ce changement. On va étaler et étudier les programmes semaine par semaine, puis mois par mois, car nous avons encore quatre mois devant nous, et graduellement on va synchroniser cette dynamique de telle façon à donner aux élèves des sujets sur la base de ce qui a été étudié. Et celui qui veut sincèrement obtenir son bac n'a qu'à faire un effort. Je dis tout simplement aux élèves, n'ayez pas peur !” Et de conclure : “Les portes du dialogue ne sont jamais fermées ! Du reste, il ne faut pas que les gens utilisent l'école à des fins politiques.” FARID BELGACEM