M. Zouheir Benslim estime que des produits du terroir, voire manufacturés, peuvent rivaliser avec ceux des autres pays sur le marché international. “Les mesures prises dans le cadre du Fonds de soutien à la promotion des exportations (FSPE) restent très insuffisantes.” M. Zouheir Benslim, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), estime que les 2% que représentent les exportations hors hydrocarbures, stagnant autour d'un milliard de dollars, sont dus à un problème politico-économique. En termes plus clairs, il avoue que l'économie nationale dispose de tous les moyens pour aller au-delà de ce chiffre. “Mais est-elle dotée de l'organisation qu'il faut ?” s'interroge-t-il. M. Benslim n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer l'absence de la volonté politique. “Est-ce que l'Algérie veut vraiment exporter hors hydrocarbures ?” se demande-t-il. C'est, pour lui, la grande question qui se pose aujourd'hui. Devant un tel constat, Zouheir Benslim suggère la mise en place de toute une stratégie ayant pour toile de fond des décisions politiques, à commencer par la reprise des réflexes d'exportation perdues depuis les années 1970. Le président de l'Anexal propose un soutien aux entreprises, une révision des taux d'intérêt, une aide aux PME potentiellement exportatrices… Plusieurs mesures doivent être, selon lui, prises et ne pas s'éterniser uniquement sur le FSPE. Il pense que des produits du terroir, voire manufacturés peuvent rivaliser avec ceux des autres pays sur le marché international. M. Benslim cite les produits traditionnels, les services, le tourisme. Or, dans chaque prise de décision, il y a lieu, souligne-t-il, de prendre en compte que l'économie mondiale n'est plus celle des années 1980 ou 1990. “Les choses ont changé, les normes sont sévères, la concurrence est rude, le marché chinois plus difficile. Il faut prendre à bras-le-corps cette filière d'exportation hors hydrocarbures si l'on veut réellement exporter”, déclare-t-il, encore sur les ondes de la Radio Chaîne III. L'autre contrainte qui empêche la promotion des exportations hors hydrocarbures a trait au marché national qui est toujours demandeur des produits fabriqués localement sans en être exigeant sur l'emballage, les normes, le marketing… Ils sont commercialisés facilement localement avec des parts de marché importantes. Ce qui n'incite pas les producteurs à réfléchir sur une éventuelle conquête de marchés extérieurs. Car, exporter ce n'est point une mince affaire. Toutefois, “nous attendons la mise en place de la stratégie industrielle qui devrait réserver une place non négligeable à l'exportation hors hydrocarbures”, remarque M. Benslim. Cela passe impérativement par la réorganisation du marché intérieur. “Actuellement, l'importateur dispose d'un statut social. Ce qui n'est pas le cas pour l'exportateur”, relève le président de l'association, pour qui le temps nécessaire doit être pris pour atteindre ces objectifs. “Il faut prendre le temps qu'il faut et aller crescendo”, conclut-il. B. K.