L'ex-GSPC a-t-il recours à ses cellules de l'étranger pour l'aider à exécuter ses attentats kamikazes ? C'est la question que se sont posée de nombreux observateurs de la scène sécuritaire après le démantèlement par les services de sécurité, lundi dernier, d'un réseau composé de onze personnes impliquées dans l'importation de véhicules utilisés dans les attentats kamikazes, qui ont ébranlé ces derniers mois les wilayas d'Alger et de Boumerdès. Les membres de ce réseau où figurent, entre autres, un émigré basé à Londres, en Angleterre, un douanier, des fonctionnaires, un cadre d'une grande entreprise publique sont derrière l'importation du véhicule de marque Ford utilisé dans l'attentat kamikaze ayant visé, le 28 janvier dernier, le siège de la brigade mobile de la Police judiciaire (BMPJ) de Thénia. Les onze personnes accusées d'avoir prêté aide et assistance aux groupes armés ont été entendues hier durant toute la journée par le juge d'instruction près le tribunal de Boumerdès, qui les a placées aussitôt en mandat de dépôt, alors qu'une procédure judiciaire a été engagée contre A. A., un ressortissant algérien résidant en Angleterre, et plusieurs de ses complices établis en France et en Angleterre notamment. Selon nos sources, le véhicule, une fourgonnette de marque Ford, immatriculée à l'étranger, a été acheté par cet émigré d'origine algérienne établi à Londres et connu pour ses liens avec des trafiquants de véhicules acheminés par bateau vers le port d'Alger par l'intermédiaire d'un cadre d'une entreprise pétrolière originaire de Legata, dans la wilaya de Boumerdès, et qui exerce à Hassi-Messaoud. Le véhicule dépourvu de papiers réglementaires aurait quitté illégalement, quelques jours plus tard, l'enceinte portuaire grâce à la complicité d'un douanier exerçant au port d'Alger. La fourgonnette sera conduite directement dans les maquis de l'ex-GSPC de Bouchakour, sur les hauteurs des Issers où sa plaque d'immatriculation sera modifiée, puis vers les hauteurs de Béni Amrane pour être bourrée d'explosifs par les terroristes membres de seriat Ettefdjir, dirigée par l'“émir” Abou Meriem alias Torfi Rabah, originaire de Bouchakour, relevant de la commune des Issers. Les services de sécurité de la wilaya de Boumerdès sont arrivés à remonter la filière au bout d'une semaine d'investigations et se sont déplacés jusqu'aux usines Ford en France où a été fabriquée la camionnette pour identifier le numéro de série et les numéros de châssis du véhicule. Un autre véhicule, un fourgon de marque française, aurait été également envoyé dans les mêmes conditions en Algérie et dont on est sans nouvelles. D'autres véhicules seraient entrés dans le pays en provenance de l'Europe et destinés aux groupes terroristes grâce à la complicité des réseaux de trafiquants qui agissent en étroite collaboration avec des cellules dormantes de l'ex-GSPC installées à l'étranger. Ainsi, après les terroristes non fichés enrôlés par les groupes terroristes, ce sont maintenant les véhicules non fichés qui sont utilisés pour l'exécution des attentats. Pour contourner la pression des services de sécurité sur les véhicules volés et susceptibles d'être utilisés dans les attentats kamikazes, l'ex-GSPC a trouvé l'astuce d'utiliser des véhicules trafiqués non connus par ces mêmes services de sécurité pour organiser des attentats. M. T.