La campagne pour les élections législatives d'aujourd'hui en Espagne a pris fin brutalement vendredi avec l'assassinat au Pays basque d'un élu municipal socialiste, dans un attentat attribué par les autorités espagnoles aux indépendantistes de l'ETA. Condamnant cet attentat criminel, le chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, a martelé que les Espagnols ne laisseraient pas l'ETA interférer sur le scrutin. Zapatero avait lui-même été élu il y a quatre ans à la surprise générale, trois jours après les meurtriers attentats perpétrés par des djihadistes islamistes contre des trains de banlieue à Madrid (191 morts), la pire tragédie terroriste ayant jamais endeuillé l'Espagne. Son rival conservateur, Mariano Rajoy, s'est également rendu chez la famille de la victime de l'ETA après avoir condamné fermement à Madrid ce nouvel assassinat des terroristes et lancé un appel à l'unité pour vaincre l'ETA. Rajoy s'était radicalement opposé à la négociation manquée de 2006 entre le gouvernement socialiste et l'ETA, qu'il a qualifiée récemment de pire échec de la législature et dont il a fait un thème de campagne. Zapatero devait par ailleurs adopter une ligne d'extrême fermeté contre la mouvance indépendantiste basque après l'échec de ses négociations de paix avec l'ETA. Le groupe armé est responsable de la mort de 822 personnes en 40 ans, lui rappellent constamment les conservateurs. Le Parti socialiste de Zapatero, favori des législatives, et le Parti populaire de Rajoy avaient, d'un commun accord, décidé de mettre fin à la campagne électorale avant sa clôture officielle, craignant de nouveaux attentats. Les partis et syndicats espagnols ont exprimé, dans une résolution unitaire, leur condamnation la plus ferme de l'assassinat et invité les citoyens à répondre à ce crime avec sérénité et fermeté démocratique. Madrid avait relevé depuis 21 février l'alerte nationale antiterroriste à son niveau maximum, craignant précisément un attentat meurtrier de l'ETA durant la période électorale. L'ETA a appelé au boycottage des législatives pour protester contre “l'oppression” de l'Etat espagnol. L'assassinat de vendredi a dynamité la fin d'une campagne convenue, alors que Zapatero multipliait les appels à la mobilisation, craignant que son statut de favori ne démobilise un électorat socialiste plus porté à l'abstention que celui de la droite. La droite tablait sur une forte abstention des déçus du socialisme, surfant sur l'inquiétude croissante des Espagnols face au ralentissement économique. L'attentat de l'ETA ne devrait pas avoir d'impact majeur sur le résultat du scrutin, dont les sondages ont donné les socialistes favoris. D. B.