Le Parti des travailleurs (PT) a réagi au contenu du rapport 2007 des droits de l'Homme en Algérie du département d'Etat américain. Vingt-quatre heures après l'annonce, par les médias, de sa publication, la SG de cette formation a carrément qualifié le document de “complètement farfelu”. Dans une conférence de presse qu'elle a animée, hier, au nouveau siège de son parti, à El-Harrach (Alger), Louisa Hanoune a passé en revue différents chapitres dudit rapport, en les confrontant à la réalité nationale. “Il est dit que les législations du travail sont respectées… C'est extraordinaire”, s'est-elle écriée, en s'opposant à un constat qui, selon elle, “n'est pas vrai”, particulièrement dans le secteur privé. “C'est de la falsification flagrante”, a-t-elle déclaré, protestant contre la discrétion entourant “l'importante” Convention 103 de 1952 de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui prend en compte “le droit à la maternité”. Pour le leader du PT, “les indicateurs sont au rouge” sur plusieurs plans. Et cette situation marquée notamment par “le bradage” des entreprises nationales, “la précarité sociale” et “l'importation” de cadres étrangers (cas des ophtalmologues), exige “aujourd'hui de faire le bilan de l'orientation économique”. “En 2008, avec l'embellie financière, rien ne justifie ces orientations”, a soutenu Mme Hanoune, non sans déplorer l'absence d'écoute des gouvernants. Citant le cas des entreprises menacées de fermeture et celles liquidées au dinar symbolique, l'intervenante s'est demandée à quoi visent “cette duplicité et cette provocation”. S'agissant de la condition féminine dans notre pays, la responsable du PT a affirmé que les amendements introduits au code de la famille en 2006 sont “banals” et “ce n'est pas normal que dans un pays comme l'Algérie, la femme n'ait pas ses droits”. “Le droit au travail qui est un droit constitutionnel est enchaîné au code de la famille. Donc, ce n'est plus un droit”, a relevé Louisa Hanoune, pensant dur comme fer que “la loi doit être neutre, car c'est cela la démocratie et la souveraineté”. Elle s'est en outre interrogée sur le silence du gouvernement devant “l'amère réalité du 8 Mars” et “la précarité” touchant les Algériennes, d'autant que le code de la famille, qualifié d'“obscurantiste” est “venu comme un corps étranger” en 1984. À Mme Hanoune de plaider pour “la levée des réserves”, par l'Algérie, concernant la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). L'autre point qui a fait sortir le leader du PT de ses gonds se rapporte à l'évocation, par le département d'Etat américain, de la région de Kabylie comme étant une région de “minorité ethnique” de 9 millions d'habitants. “Cela rappelle un plan de 2001 sur l'autonomie, qui a été présenté en 2003 au département d'Etat américain”, a commenté la conférencière, en voyant un lien avec le plan du Grand-Moyen-Orient (GMO) qui prévoit “la création de 72 mini-Etats sur des bases ethniques et religieuses”. Elle a par ailleurs repoussé l'idée que l'Algérie soit présentée comme “le Kosovo ou les Balkans”, appelant les autorités du pays à adresser “une réponse urgente” aux initiateurs du rapport 2007 et invitant les Algériens à “ne pas se taire devant ce rapport”. La conférence de presse a permis à la responsable du PT d'exprimer son opposition à l'emprisonnement des journalistes pour délits de presse, et de réitérer sa position concernant la charte pour la paix. “Nous avons dit que cette charte est seulement une étape. Celle-ci exige un bilan, car elle concerne toute la nation et non pas quelques personnes”, a-t-elle dit, avant d'insister sur “l'étape difficile” actuelle qui réclame “la prise en charge des problèmes sociaux, l'établissement des bilans et l'organisation de débats”. Elle s'est aussi beaucoup interrogée sur les “mœurs diplomatiques nouvelles” qui se sont installées depuis 1993 en Algérie, assurant : “Nous ne sommes pas contre les ambassades qui veulent connaître les partis politiques et qui veulent les rencontrer. Mais, quand cela devient de ‘l'investigation', c'est autre chose.” Mme Hanoune s'est ainsi élevée contre “le financement des associations algériennes par des étrangers”, notant que “c'est un facteur de décomposition”. H. Ameyar