Finalement, le changement du gouvernement s'est limité, et le fait est important, à un changement à la tête de l'équipe uniquement. Le président de la République s'est employé à écarter Ali Benflis et à le remplacer par un enfant du système bien discipliné. Ahmed Ouyahia reconduit presque la même composante de son prédécesseur. Il n'a pas mis trop de temps à la re-former puisqu'en quatre jours tout semble avoir été discuté, négocié, arrangé et scellé. Le patron du RND a eu trois longs entretiens avec le chef de l'Etat avant sa nomination. Il sait qu'il s'accommodera sans souci et de ses collègues ministres et du programme dont les parrains attendent la poursuite des réalisations. Le FLN garde bien sûr sa part du lion grâce à l'opération maintien — réussie — de ses 16 représentants, condition sine qua non avancée par Benflis pour continuer à siéger au gouvernement. L'autre condition — la participation à l'élaboration du programme — est par contre moins garantie. “En définitive, cela nous libère pour la préparation de l'échéance de 2004 ; je suis sûr que Ali Benflis, en sa qualité de secrétaire général, sera notre candidat”, nous déclarait, hier, Ali Mimouni, membre du comité central. Ouyahia ne s'est donc pas embarrassé à maintenir en poste — à moins qu'il en a été incapable ? — des ministres aussi controversés que Noureddine Yazid Zerhouni par exemple. Il s'agit vraisemblablement d'une caution aux actions souvent décriées de ce dernier, notamment à propos de la crise de Kabylie. En l'occurrence, le message paraît clair : le traitement de cette crise restera le même en dépit de son échec pitoyable. Zerhouni doit avoir des motifs de satisfaction. Son maintien dénote tout l'intérêt des hautes sphères de l'Etat, à leur tête, Abdelaziz Bouteflika, pour le règlement des affaires nationales (quand bien même elles peuvent paraître régionales). En revanche, le retour de Boubekeur Benbouzid à la tête de l'Education peut débloquer la situation dans un secteur où les professionnels ont souvent noté la frilosité de Nourredine Salah. Benbouzid, pour l'anecdote, est en train d'établir tranquillement un record en matière de longévité au gouvernement (douze ans). Aussi le retour de Abdelatif Benachenhou comme ministre des Finances devrait-il annoncer l'accélération des réformes financières. Il est à l'origine de la mise en place de la caisse de régulation et l'initiateur de la loi sur la monnaie et le crédit. Mohamed Terbèche, son prédécesseur au poste, paie les frais du scandale Khalifa. Dans ce registre, le départ de Abdelhamid Temmar du département de la Participation et de la Promotion de l'investissement constitue une surprise de taille tant l'homme était très proche de Bouteflika. Temmar, qui incarnait la politique de libéralisation, était néanmoins l'ennemi public numéro un de l'UGTA. Il a donc été sacrifié afin de tempérer les ardeurs de la Centrale syndicale, surtout que la campagne pour l'élection présidentielle de 2004 est en ligne de mire. Le chef de l'Etat ne voudrait évidemment pas perdre l'appui des travailleurs. L. B. Un membre de la direction du parti réagit à la désignation du gouvernement “Barkat, Harraoubia et Louh ne sont pas ministres FLN” La composition du nouveau gouvernement rendue publique, hier, n'a pas suscité de réaction particulière chez le FLN. “Tous les noms que le parti a proposés ont été acceptés”, indique une source de la direction du parti. Toutefois, le parti majoritaire récuse l'appartenance de certains ministres au FLN : “Barkat Saïd, Tayeb Louh et Rachid Harraoubia ne sont pas considérés comme des ministres FLN”. N. M.