Les méthodes utilisées par les réseaux sont multiples, y compris la complicité de certains propriétaires pour escroquer les sociétés d'assurances. Quarante-cinq personnes impliquées dans 133 affaires de vol généralement suivi de trafic de véhicules ont été arrêtées durant le premier trimestre de l'année en cours. Depuis 2000, le nombre de personnes arrêtées et impliquées dans 3 998 affaires est de 2 052 avec des pointes de 318 en 2006 et 178 en 2007. Le nombre de véhicules volés dans 11 wilayas du Centre en 2007 a atteint 307 contre 406 en 2006. Les wilayas les plus touchées par ce phénomène sont Tizi Ouzou, Boumerdès et Blida, suivies d'Alger. Dans l'étude menée par le sous-lieutenant Samira Belhadj-Djelloul, la voiture française semble la plus privilégiée par les réseaux de trafiquants. Sur une période de 4 ans (2001-2004), près de 5 500 véhicules Renault (R4 et Express) et 2 800 Peugeot (tous types) ont été volés. Viennent ensuite les marques introduites en Algérie ces dernières années comme Hyundai (Accent, Atos), Toyota (4x4 Hilux, Corola), Chevrolet (Aveo), Daewoo (Cielo), Sonacome (K66, K120) et Volkswagen (Golf). À l'ouest du pays, les wilayas les plus touchées par ce phénomène sont Oran, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et Aïn Témouchent. Pour les régions côtières, la saison estivale connaît des pics pour la raison essentielle d'un grand afflux d'estivants. Dans l'est du pays, Béjaïa est en tête du nombre d'affaires traitées par les services de la gendarmerie, suivie de Constantine, Tébessa et Sétif. Le Sud n'est pas épargné par le phénomène, notamment dans la zone pétrolière de Ouargla (Hassi- Messaoud) qui reste la plus ciblée par les voleurs de véhicules. L'officier, auteur de l'étude, rappelle les méthodes les plus utilisées et qui diffèrent d'un réseau à l'autre, selon la nature et la configuration de la région. Certains criminels s'attaquent aux chauffeurs de taxi ou de transport public les emmenant moyennant des sommes d'argent alléchantes sur des routes secondaires et isolées où ils agressent leurs victimes et les dépossèdent ensuite de leurs biens. D'autres usent de méthodes de gangster en poursuivant un véhicule ciblé qu'ils finissent par mettre en sandwich au niveau d'un ralentisseur. Ils simulent un accident sans gravité avant d'accomplir leur méfait. Pour d'autres encore, le véhicule ciblé est suivi pendant quelque temps avant de le voler une fois les habitudes du propriétaire connues. Mais on ne peut parler de vol de ces véhicules sans la complicité de certains gérants de stations de lavage et graissage qui “assistent” les malfaiteurs par la confection de double des clés. Il y a aussi le secours à la gent féminine en simulant à leurs victimes des rendez-vous galants. Depuis quelque temps, une méthode qui rapporte gros aux criminels consiste à déclarer par le propriétaire complice le vol de son véhicule à la société d'assurances. Le véhicule disparaîtra en pièces détachées revendues au prix fort. D'ailleurs, c'est le but des réseaux de trafic. En général, les véhicules volés sont désossés par des spécialistes comme en on trouve un peu partout à l'intérieur du pays. Djezzar, une localité frontalière entre M'sila et Batna, en constitue un exemple frappant. Treize kilomètres de tôles et de ferraille. En arrière-plan de la route nationale, de véritables ateliers de démontage. Il y a quelques mois, Liberté a publié un reportage vivant à ce sujet. L'autre but recherché par le vol de véhicules n'est autre que la falsification de l'origine du véhicule en changeant son numéro de série et le remettant en circulation avec de faux documents. Beaucoup d'agents et fonctionnaires de l'administration locale ont été impliqués et écroués pour établissement de fausses cartes grises. Et c'est justement contre ce crime organisé que les unités de la gendarmerie ne cessent de lutter en intensifiant ses réseaux de renseignement, en opérant des contrôles réguliers chez les revendeurs de pièces détachées, en multipliant les contrôles au niveau des axes routiers susceptibles d'être empruntés par les réseaux de trafic et en contrôlant fréquemment les serruriers. Ali Farés