Avec le passeport électronique et la carte d'identité magnétique, l'Algérie compte investir le champ très sophistiqué de la technologie que se sont imposés les pays occidentaux, pour lutter efficacement contre la criminalité et surtout le terrorisme, après les attentats du 11 septembre 2001. À ce sujet, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Yazid Zerhouni, a affirmé mardi au Sénat que le projet du passeport électronique est en cours d'élaboration et sera effectif avant la fin 2010, tel que stipulé dans les différentes lois internationales en la matière. S'agissant de la carte d'identité magnétique, le ministre a indiqué que cela nécessite “une coordination entre les différentes parties concernées, car cette carte pourra être utilisée dans de nombreux secteurs comme la Sécurité sociale et les banques à condition, a-t-il dit, qu'elle comporte des informations crédibles et qu'elle soit infalsifiable”. Et là réside tout le problème quant à la faisabilité de ces projets dans des temps raisonnables. Autant dire que ce n'est pas pour demain. Le ministre de l'Intérieur ne manquera d'ailleurs pas en ce sens d'avertir que “les choses ne sont pas aussi simples”. Et il ne croit pas si bien dire, quand on connaît les lenteurs bureaucratiques qui caractérisent l'administration algérienne, même quand il s'agit de la délivrance de simples documents. Alors qu'en sera-t-il pour notre administration quand il s'agira de suivre des procédures rigoureuses dans l'élaboration de pièces d'identité électroniques, censées être plus difficilement falsifiables comme le passeport électronique, dont l'objectif premier, est de “prévenir et lutter contre la fraude documentaire”. L'exercice n'est pas simple, il est même très compliqué que ce soit pour l'administration ou le citoyen, car il exige des “mesures techniques et des garde-fous” garantissant l'authentification, la confidentialité et l'intégrité des données enregistrées sur le composant électronique du passeport dont la maîtrise n'est pas évidente au sein d'une administration sujette à de nombreux dysfonctionnements et toujours incapable de s'adapter aux techniques modernes. Il faudra savoir en ce sens que les passeports électroniques devront comporter la photo faciale de leur titulaire insérée dans un composant électronique afin de faciliter l'authentification du détenteur du passeport. Ce composant électronique, qui est une puce sans contact, comporte des sécurités de nature à prémunir le titulaire du titre contre les risques d'intrusion, de détournement et de modification. Quant à la carte d'identité magnétique en plus de la photo et de l'état civil du titulaire, elle portera sur une bande magnétique un certain nombre d'informations. Une gageure donc pour les criminels qui comptent échapper à la justice en utilisant de faux papiers puisque la raison d'être des dispositifs que recèlent les deux documents réside dans l'impossibilité de les falsifier. Et pour cause, des systèmes de sécurité sont inclus dans la fabrication du passeport électronique et de la carte magnétique. Et ces systèmes ne peuvent être reproduits que par les mêmes moyens qui ont permis leur fabrication. D'autant plus que les données portées sur les documents sont cryptées et non rectifiables. Un passeport algérien électronique avant 2010 implique déjà une adaptation administrative et technique qui doit épargner au citoyen, le parcours du combattant qu'il est aujourd'hui en train de vivre pour l'obtention de passeport et de carte d'identité “traditionnels”. Il ne faut pas oublier par exemple, disent les spécialistes que les photos d'identité qui ne répondraient pas aux normes internationales en vigueur sont systématiquement rejetées. Et quand on connaît les recommandations rigoureuses des pays occidentaux concernant les caractéristiques des photos devant figurer sur les passeports, et les normes ISO définies par l'Organisation internationale de l'aviation civile Internationale, on peut mesurer les difficultés que doit affronter le projet pour devenir effectif avant 2010. Zahir Benmostepha