Le Parquet a requis la relaxe, hier, dans une affaire opposant Jean-Marie Le Pen au journal Le Monde, que le président du Front National (extrême droite) poursuivait en diffamation pour la publication en mai-juin 2002, en pleine campagne électorale en France, de témoignages l'accusant de tortures pendant la guerre d'Algérie dans les années 1950. “L'enquête publiée est empreinte de bonne foi”, a estimé le procureur David Peyron devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le procureur a tenu à rappeler au tribunal qu'il n'avait pas à se prononcer sur la réalité ou non des actes de torture que le “lieutenant Le Pen” est accusé d'avoir commis en 1957 à Alger, mais à apprécier la bonne foi de la journaliste du Monde, Florence Beaugé, auteur des deux articles incriminés publiés à la veille du second tour de la présidentielle, le 3 mai 2002, et en pleine campagne des législatives, le 3 juin. L'avocat de la partie adverse a accusé Le Monde d'avoir cherché à “exécuter” Le Pen, car il était “trop dramatique” que ce dernier puisse se retrouver face à Jacques Chirac au second tour, reprochant à la journaliste de n'avoir pas enquêté “dans l'autre camp, celui de Le Pen”. Le Pen, absent à l'audience, avait opposé en juin 2002 un démenti formel à ces “pseudo-témoignages”, évoquant “une manipulation qui constituait un véritable appel au meurtre” contre lui. Le jugement devait être mis en délibéré.