Par la faute d'une maudite rétrogradation en seconde division à la suite d'une parité arrachée dans la confusion, le Mouloudia d'Oran a goûté pour la toute première fois de sa riche histoire aux affres d'une relégation en seconde division nationale. Un déshonneur que personne n'attendait du côté d'El-Hamri ni imaginait possible. Le MCO ne gardera plus son titre et son unique “trophée” moral qui faisait la fierté de toute une région, ce fameux titre de Doyen de l'élite. Le mythe est cassé. Depuis le coup de sifflet final inattendu du referee Benbaka, Oran commençait à fulminer de colère et d'indignation. Le choc de voir son équipe si chérie quitter la cour des grands était ainsi si violent qu'il “mettra” dehors une jeunesse oranaise déchaînée. L'heure n'affichait pourtant pas plus de 16h30. Les populaires quartiers de Victor-Hugo, Petit-Lac et Haï Zitoun allumèrent la première mèche de ce qui allait être une folle nuit de feu. Pris de panique et d'une peur qui s'affichait clairement sur leurs minois affolés, les Oranaises et les Oranais commencèrent alors une course contre la montre pour aller se réfugier, qui à son domicile, qui chez le membre de sa famille le plus proche. Les riverains des communes avoisinantes, pris de court par l'arrêt de tous types de transport urbain et suburbain, passeront pour leur part de longues heures de panique et d'attente dans les différentes gares de voyageurs, à El-Hamri, à Yaghmorassen et aux Castors. Les commissariats : première cible C'est que déchaînés, les supporters du MCO ont décidé de faire dans la casse généralisée. Aucun véhicule ne put ainsi traverser le boulevard des 40 mètres à Delmonte sans être pris pour cible. Idem dans les autres grands boulevards et importantes artères de la ville comme la rue Mohamed-Khemisti, Larbi-Ben-M'hidi et autres places Garguentah. Très vite, ces scènes d'émeutes se propageront aux quatre coins de la ville pour embraser le tout-Oran dont le cœur battait pour le Mouloudia. Des affrontements avec les forces de l'ordre constitueront d'ailleurs les points d'orgue de cette fin d'après-midi marquée surtout par l'attaque des supporters du chaud quartier de Victor-Hugo contre la 18e sûreté urbaine. Mais si les habituels quartiers populaires de la cité ont tous connu une effervescence et de graves scènes d'émeutes où aucun édifice public ou même panneau de signalisation et cabine téléphonique d'Oria n'ont été épargnés, c'est surtout à El-Hamri où le sang bouillonnait le plus. Chauffés à blanc, les Hamraoua ne se contenteront, cependant, pas de crier la colère en dressant des barricades et en brûlant des pneus pour retarder l'avancée des forces antiémeutes, mais sont même allés jusqu'à “envahir” les biens privés du président du MCO, Youssef Djebbari. Le quotidien d'information l'Echo d'Oran, propriété de Djebbari, a ainsi été attaqué et complètement saccagé par une foule en colère. Le siège de cette entreprise d'information a d'ailleurs été pris d'assaut alors que quelques-uns des employés du journal n'avaient pas encore quitté leurs bureaux et n'ont dû leur salut qu'à une fuite inévitable sous peine d'être vilipendée par ces supporters en furie. Outre l'Echo d'Oran, les supporters du MCO se sont attaqués à un autre symbole lié à l'actuelle direction mouloudéenne, le lieu de regroupement des anciens joueurs, plus connu sous le sobriquet d'El-H'ssira. Pris d'un malaise suite à la rétrogradation de son club de toujours, l'influent membre de l'assemblée générale du MCO, El-Hadj Houari Beddiar a, pour sa part, été transféré en urgence à l'hôpital dans un état comateux, avant d'en sortir le lendemain dans un état pas très rassurant. Arrivés à Oran peu après 20h, les joueurs du MCO, qui formeront pour longtemps dans la mémoire collective oranaise la pire équipe mouloudéenne de tous les temps, puisque rétrogradée en D2, se sont réfugiés chez eux de crainte de représailles, mais surtout sous le choc de ce qu'ils avaient vécu comme méchanceté gratuite et agressions caractérisée à Chlef. Mais si l'autocar transportant l'équipe mouloudéenne s'en est sorti à bon compte avec deux vitres cassées seulement, le fait qu'un groupe de supporters chélifiens à la sortie de l'ex-El-Asnam soit parvenu à rejoindre Oran presque incognito sans que les joueurs ne soient vilipendés publiquement, l'homme le plus recherché de la ville et de ses environs en ce lundi de l'angoisse a été sans conteste Youssef Djebbari. À un degré moindre, ses deux principaux conseillers qui, victimes de leur “manque de vision” à moyen terme, étaient tout aussi sous le coup d'un “wanted” local. Des informations crédibles affirmaient, au sujet du président fuyard, qu'il était “caché au Sheraton, dans l'attente qu'une réservation d'avion à destination de l'Espagne lui soit confirmée”. Cherif El-Ouazzani dit stop ! Meurtri dans sa chair, l'entraîneur Si Tahar Cherif El-Ouazzani avait bien du mal à formuler ses phrases. “J'ai connu le pire lundi de ma vie, le pire jour de foot de toute ma carrière. J'ai été lynché, agressé, insulté, battu sans aucune raison valable, si ce n'est avoir joué le jeu en ce maudit match de coupe face à l'ASO”, pestera un Cherif El Ouazzani au bord de la dépression et d'ajouter : “Notre rétrogradation reflète l'injustice caractérisée. Des équipes faussent le championnat avec leurs juniors. J'en ai vraiment marre et, pour l'instant, je ne veux aucunement entendre parler de football, car le MCO n'a pas rétrogradé et ce n'est pas l'ASO qui nous a privé de maintien, car on a battu deux fois cette équipe contre un match nul à Chlef cette saison. Mais c'est cette grande magouille contre un MCO esseulé qui m'écœure et qui révolte toute une ville. En un mot, nous sommes mahgourine !” Elimam appelle au calme Pendant que toute la ville brûle de chagrin et de colère, un vent d'espoir a, toutefois, soufflé sur les coutumiers points chauds, insufflant une “bonne nouvelle selon laquelle le wali d'Oran et des hauts responsables font tout leur possible pour convaincre ceux qui gèrent les affaires du football national de former une D1 à 20 clubs”.Peiné par ce que vit Oran depuis plus de 36 heures, l'ex-président Kacem Elimam n'a, d'ailleurs pas tardé à “lancer un appel au calme et demander aux supporters de patienter et de ne pas détruire leur ville” car l'“actuel système de compétition sera remplacé par un autre qui garantira au MCO sa pérennité parmi l'élite”. Un appel au calme dont la radio locale en a fait son refrain journalier en le lançant en boucle à ses auditeurs. A. Karim