La dernière sortie médiatique du numéro un de l'ex-AIS (Armée islamique du salut, (dissoute depuis janvier 2000) Madani Mezrag a ravivé les dissensions internes que connaît le bras armé de l'ex-FIS depuis plus de huit ans. L'appel de Mezrag pour un retour des anciens de l'AIS à la politique n'est pas en lui-même une surprise, puisque l'idée d'une “normalisation” était dans l'air et la question plusieurs fois mise sur le tapis, mais la réponse du coordinateur régional pour l'Ouest des bénéficiaires de la loi sur la réconciliation nationale, R. Larbaoui, vient signifier une autre option dans l'édifice de l'AIS puisqu'il rejette, au nom de sa “coordination”, le projet de l'ex-“émir” national. Larbaoui affirme que Mezrag ne représente que sa personne et qu'un retour à la politique n'est pas d'actualité. Pour une riposte plus organisée à l'initiative de Mezrag, Larbaoui a révélé qu'une rencontre nationale se préparait. Pour lui, le plus important pour les repentis réside dans le règlement de leurs problèmes sociaux à l'image du travail ou du logement. Rappelons que le différend existant entre Larbaoui et Mezrag ainsi qu'avec Benaïcha et Kartali ne date pas d'aujourd'hui puisqu'il n'a pas hésité à accuser ses anciens compagnons d'armes d'avoir accaparé le fameux “trésor de guerre de l'AIS”. Cette zébrure dans la façade de l'ex-AIS est accentuée davantage par les propos de Cheikh Nourredine, le numéro deux de cette ex-organisation terroriste à l'Ouest. Il a notamment déclaré à Liberté qu'“on n'est pas concerné par la politique et que chaque personne ne représente qu'elle-même”. Pour lui, ni l'appel de Mezrag, son chef hiérarchique pendant de nombreuses années, ni la réponse de Larbaoui ne le concernent. “Ceux qui veulent investir le champ politique sont libres de le faire ainsi que ceux qui sont contre, et à ma connaissance l'AIS a été officiellement dissoute en 2000”, a résumé Cheikh Nourredine, joint par téléphone. Abondant dans le sens de Larbaoui, mais sans partager ses prises de position, il insiste sur le côté social des anciens de l'AIS, ainsi que de toutes les victimes du terrorisme qui doivent être pris en charge. Cheikh Nourredine a certainement toujours en tête les promesses que lui aurait faites l'ex-Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, alors en campagne électorale pour son parti. En effet, lors d'une rencontre informelle à Oued R'hiou, à une cinquantaine de kilomètres de Relizane, Belkhadem aurait promis aux anciens de l'AIS d'améliorer leurs conditions sociales. Cheikh Nourredine estime pourtant que l'Etat doit réhabiliter les militants de l'ex-FIS, alors légalement agréé puisque, dans sa logique, ne s'étant rendu coupable d'“aucun crime”, ils ne devraient pas être frappés d'interdiction de pratique politique. Quant à l'organisation d'un conclave national en septembre à l'initiative de Larbaoui, le bras droit de Benaïcha aura des mots très durs à l'encontre de ce dernier, lui déniant tout titre de commandement. “Larbaoui n'a jamais dirigé l'AIS, il était un simple djoundi et il ne représente que lui-même”. Les divisions entre les anciens de l'AIS ne sont que le reflet des tensions ayant caractérisé les relations entre les “politiques” et les “militaires” de l'ex-parti dissous, alors qu'un retour à la politique prônée par les uns et les autres a toujours essuyé un refus officiel, que ce soit de la part de Belkhadem, Ouyahia ou encore de Zerhouni. Saïd Oussad