La crise boursière mondiale a bousculé la campagne présidentielle américaine. Les démocrates y voient encore plus la nécessité d'un changement politique tandis que les républicains proposent d'alléger les impôts et de réduire la taille du gouvernement. Il aura fallu une crise financière mondiale partie des Etats-Unies pour arracher la campagne électorale américaine à ses coups bas personnels et de son show, et obliger les deux candidats à la Maison-Blanche, Obama et McCain, à s'atteler à la préoccupation numéro un de leurs concitoyens : l'économie. Le républicain et le démocrate se querellent depuis des mois pour savoir qui sera le meilleur commandant en chef, autrement dit qui sera le plus apte à gérer la sortie des Etats-Unis des bourbiers irakien et afghan depuis le bureau ovale de la Maison-Blanche. L'onde de choc internationale du dépôt de bilan de la banque d'affaires américaine, Lehman Brothers, leur a fourni l'occasion de se mesurer à une crise qui affecte directement les électeurs. Pourtant, de nombreux sondages ont témoigné que l'économie représente le premier sujet de préoccupation des Américains, moins de 50 jours avant l'élection présidentielle du 4 novembre, révélant aussi que ni Obama ni McCain ne les ont encore vraiment convaincus de leur capacité à redresser la situation économique. L'obamia et la palinomania n'étant que des effets de shows médiatiques, les deux candidats tentent de donner espoir depuis ce lundi noir à des électeurs aux abois, qui voient fondre leurs pouvoir d'achat, leurs retraites, leurs économies et disparaître leurs logements pour ceux qui les ont achetés à crédit. Ce retour à un sujet primordial tranche avec les bassesses de la semaine dernière quand le camp McCain accusait, par exemple, Obama d'insulter la colistière républicaine, Sarah Palin, en utilisant l'expression populaire, courante aux Etats-Unis, “mettre du rouge à lèvres à un cochon”. Le candidat démocrate a rebondi en s'empressant d'imputer la crise financière aux huit années de gouvernement Bush et a prédit que les Américains en connaîtraient quatre équivalentes avec McCain. Son rival a promis une réforme de Wall Street et assuré qu'Obama allait augmenter les impôts et miner la croissance économique. Le sénateur de l'Arizona, qui mène désormais d'une courte tête dans les sondages, a aussi assuré que les fondamentaux de l'économie étaient solides, s'attirant aussitôt les railleries de son adversaire. “Sénateur McCain, de quelle économie parlons-nous ? Alors que le chômage augmente, ainsi que les prix”, a rétorqué Obama dans le Colorado. Donc, malgré la gravité de la situation et une récession qui frappe aux portes des Etats-Unis, la partie de ping-pong se poursuit. Mais, les deux candidats ne pourront pas continuer de la sorte. Rendez-vous le 26 septembre, lorsque débutera le premier des trois débats publics qui opposeront les candidats. D. B.