L'Otan a de nouveau choisi d'outrepasser les dispositions de la résolution onusienne concernant la Libye, en ciblant directement le leader libyen, Mouammar Kadhafi, notamment son bureau qui se trouve au cœur de sa résidence, à Tripoli même. L'Otan a de nouveau choisi d'outrepasser les dispositions de la résolution onusienne concernant la Libye, en ciblant directement le leader libyen, Mouammar Kadhafi, notamment son bureau qui se trouve au cœur de sa résidence, à Tripoli même. Par cette frappe aérienne survenue tôt dans la matinée d'hier lundi, l'alliance militaire occidentale, mue par une hargne française à vouloir régler des comptes avec le président libyen, transgresse les règles qui balisent le droit d'ingérence dans ce pays voisin et tente d'ultimes raids contre Tripoli en espérant pouvoir mettre, à travers l'assassinat de Kadhafi, la communauté internationale devant le fait accompli. Résultat de cette approche à l'américaine, mais qui laisse voir une empreinte du président français, Nicolas Sarkozy, des dizaines de victimes collatérales, alors que déjà la tentative d'assassiner le colonel s'est soldée par un échec, après une attaque, vendredi passé, orchestrée par l'Otan, ciblant le secteur de Bab Al-Aziziya, lieu connu de résidence du leader libyen. En intensifiant ainsi ses raids en Libye, l'Otan ne remplit plus les fonctions qui lui ont été assignées par l'ONU, révélant, du coup, des choix qui outrepassent les limites fixées par l'instance onusienne. Au milieu de cet acharnement contre le régime lybien, l'Algérie continue de soutenir les principes qu'elle a toujours défendus, rejetant, au passage, par la voix très officielle de son ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, les accusations selon lesquelles l'Etat algérien prêterait militairement main forte aux forces de Kadhafi. Ce qui est, en fait, tout à fait en inadéquation avec les positions algériennes, pourtant très claires, qui ne reconnaissent que la légitimité populaire dont découle la légitimité des gouvernants. Ce qui est le cas en Libye où la situation a besoin d'une plus grande lisibilité politique pour permettre de savoir si Kadhafi avait contre lui tout le peuple libyen ou s'il s'agit en fait d'une guerre civile. Tout, en tout cas, a démontré à la face du monde que la Libye vit une guerre civile avec deux parties en conflit, et au milieu l'Otan, soutenant, au profit des intérêts de quelques Etats occidentaux, une partie du peuple libyen, aux dépens de celle qui s'est rangée du côté de Kadhafi. Cette propension de l'Otan à vouloir forcer l'histoire en Libye, en mettant le pied du côté d'une balance, ne cadre pas du tout avec la constance algérienne qui respecte le choix souverain du peuple libyen auquel il faut donner l'occasion de s'exprimer en favorisant, plutôt que les procédés des faits accomplis, un cessez-le-feu et un retour au calme propices au dialogue et à la concertation. Quoi qu'il en soit, la situation humanitaire en Libye se dégrade de plus en plus. Les pays européens qui continuent de s'acharner à régler la question libyenne par l'assassinat de Kadhafi sont surtout des Etats dont les chefs ont très vite fait d'enterrer le leader libyen et qui ne conçoivent plus leurs intérêts dans ce pays avec Kadhafi ou encore avec un régime qui serait son prolongement. Les tractations ont été très vite faites et l'on croyait Kadhafi lâché par tout le monde, ignorant la réalité tribale de la Libye et les effets de loyalisme irrédentiste qui pourraient découler d'une insurrection d'origine régionale ou tribale. Aujourd'hui, devant l'absence évidente d'une unité populaire dominante contre Kadhafi, ce qui gêne dans les actions et les discours de certains pays occidentaux, c'est moins le fait de croire nécessaire un changement majeur en Libye, que le fait de vouloir le provoquer par des moyens militaires et l'action armée, dont le procédé de la liquidation physique. Farès N.