Dans la vie, il faut faire des choix ! Même si c'est parfois difficile. Entre l'hommage rendu à Nass El-Ghiwane, Abdelouahab Doukkali et Quincy Jones au théâtre Mohammed V de Rabat, entre le spectacle indien Bharati avec ses 100 artistes sur scène et ses 700 costumes à l'OLM Souissi et enfin Mayada El-Hanaoui à l'espace Nahda, votre serviteur qui, n'a pas le don d'ubiquité, loin s'en faut, votre serviteur a choisi d'assister au concert donné par Femi Kuti sur les rives de l'oued Bouregreg. Ce choix, certes, arbitraire nous a tout de même permis de revoir enfin le fils de l'illustre Fela et l'une de ses sœurs que nous avions déjà rencontrée il y a quelques années à Tabarka, en Tunisie. Le front légèrement dégarni, Femi semble au mieux de sa forme. Il semble même y avoir gagné en maturité. Avec toujours, autant de «pêche», son énergie débordante nous a électrisés une fois encore. Digne héritier de son père Fela Anikulapo Kuti, un musicien nigérian engagé à l'origine du fameux courant musical appelé afrobeat, Femi en est devenu une valeur sûre, sinon le maître incontesté de ce style qu'il reprend à son compte avec beaucoup d'éclat. Pour ceux qui l'ignorent, l'afrobeat est un joyeux mélange de jazz, de funk et de musique traditionnelle nigériane. Ce style a émergé des milieux populaires de Lagos, l'ancienne capitale nigériane des années 1960, avant de conquérir la scène mondiale. Les morceaux qu'a interprétés Femi proviennent essentiellement de ses plus récents albums, «Africa for Africa» et «Day by day». Comme son père, Femi Kuti n'a pas vraiment pas la langue dans sa poche. Le contraire nous aurait étonnés. A l'image de son père, Femi utilise la musique pour militer, la politique n'est jamais loin dans son œuvre. Ses textes, la plupart en anglais, lèvent souvent le voile sur la réalité socio-politique nigériane et africaine. Il y dénonce autant les dirigeants locaux corrompus que l'emprise des multinationales sur les décisions de gouvernance. Cela dit, sa musique est loin d'être sombre. Colorée et rythmée, l'afrobeat se prête très bien aux chants d'espoir. En guise de clôture, il offrira au public une version électrique et trépidante de «Bang, bang, bang». On vous le dit, dans la vie il faut faire des choix et choisir c'est souvent renoncer. Au lieu d'aller au concert du rappeur américain Kayne West, une méga-star s'il en est, nous préférons aller ce soir à la rencontre d'un autre fils de son père, en l'occurrence le Jamaïcain Julian Marley, le fils de Bob. Un autre «fils de» à suivre de près, bien évidemment ! De notre envoyé spécial à Rabat A. Abdelghafour