«La crise libyenne a été l'un des grands dossiers traités par les chefs d'Etat lors du sommet africain qui s'est tenu en Guinée équatoriale», a souligné Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et de la Coopération, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction. Il a rappelé qu'un comité ad hoc (composé des chefs d'Etat de la Mauritanie, du Mali, de l'Ouganda, de l'Afrique du Sud et du Congo) a été créé pour gérer la crise libyenne et promouvoir la position africaine prise dès le 10 mars dernier avant même la résolution onusienne du Conseil de sécurité. La feuille de route de l'Union africaine, a précisé M. Messahel, se base sur quatre éléments essentiels : un cessez-le-feu immédiat, la protection des civils mais également des ressortissants étrangers notamment africains qui vivaient en Libye, un processus de négociations entre toutes les parties libyennes sans exclusive pour la promotion de la démocratie dans ce pays voisin et le rôle de la communauté internationale dans ce processus. Le comité ad hoc constitué de chefs d'Etat avait fait le déplacement à Tripoli et à Benghazi pour présenter cette feuille de route africaine. Les chefs d'Etat sont sortis avec un projet d'accord-cadre pour une issue à la crise. La démarche africaine, souligne le ministre, est basée sur la recherche d'une juste solution politique à ce conflit et surtout basée sur l'appropriation par l'Afrique du règlement du conflit conformément à la Charte des Nations unies. La feuille de route est un pas important dans la convergence des vues, estime Abdelkader Messahel qui précise que l'accord-cadre rédigé par le dernier sommet de l'UA prend en charge les préoccupations des pays qui sont impliqués directement à travers l'Union européenne. Même certains éléments du CNT trouvent qu'il y a des éléments intéressants dans cet accord, ajoute-t-il. Il n'y a pas de rejet catégorique ou définitif de cette feuille de route, puisque tout le monde, fait observer M. Messahel, est à la recherche d'une solution politique à cette situation. C'est la seule plateforme élaborée qui existe actuellement, fait-il remarquer, et, souligne-t-il, les prochains jours nous renseigneront davantage. Les cinq chefs d'Etat et le président de la Commission africaine sont mandatés pour aller expliquer cette feuille de route à tous les partenaires et d'abord aux deux protagonistes à Tripoli et à Benghazi, fait observer M. Messahel. A propos de la position de l'Algérie dans ce conflit, il rappelle que cette position repose sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un autre pays, il y a aussi le fait, souligne-t-il, qu'il s'agit d'un pays voisin, la position de l'Algérie repose sur une stratégie de paix. Dès le début, rappelle-t-il, l'Algérie a appuyé la démarche africaine et contribué à élaborer la feuille de route de l'UA, notamment sur l'élément essentiel que constitue les mécanismes de vérification du cessez-le-feu. L'Algérie est définitivement engagée dans le soutien à la feuille de route africaine.Pour le ministre algérien, la prolifération des armes entraînée par le conflit en Libye est une menace pour le peuple libyen mais elle l'est également pour les peuples de la sous-région. Il a rappelé qu'il a été prouvé que beaucoup d'armes circulaient notamment dans les pays du Sahel. Les armes tombent entre les mains d'Al Qaida ou d'autres groupes liés au crime organisé et aux grands trafics. Les dommages collatéraux sont également économiques, ils concernent directement les pays du voisinage, fait remarquer M. Messahel qui cite particulièrement le problème du retour massif des réfugiés et donne l'exemple des Tchadiens qui étaient 500 000 à travailler en Libye et qui retournent au Tchad, cela concerne aussi le Mali ou le Niger qui sont des pays fragilisés et n'ont pas les moyens de répondre à cette situation inattendue. A propos de la rencontre internationale sur la lutte contre le terrorisme qui va se dérouler en septembre à Alger, le ministre en a expliqué les objectifs et les trois thèmes qui seront abordés : la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le crime organisé et le développement de ces zones. Quant aux participants, il y a, dit-il, les partenaires dans la sous-région, les membres du Conseil de sécurité, l'Union européenne, la France, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, l'Australie et le Canada, les organes des Nations unies concernés par les thèmes de la Conférence internationale et enfin les bailleurs de fonds (institutions financières internationales et pays). Le ministre a rappelé les actions engagées par l'Algérie au profit du développement dans ces pays (Mali, Niger, Mauritanie). M. Messahel a tenu à rappeler que le thème central du dernier sommet africain était l'autonomisation des jeunes pour le développement durable et ce fut l'occasion de rendre hommage, encore une fois, à la jeunesse algérienne, à travers la proclamation du 1er novembre comme étant la journée de la jeunesse africaine. Enfin, il a fait savoir que l'Algérie aura à présider bientôt le groupe des 77 plus la Chine.