Annonçant jeudi soir la mort du commandant en chef des forces armées des insurgés libyens, Abdelfatah Younès, et deux de ses adjoints, le président du CNT, Mustapha Abdeljalil a indiqué, de Benghazi, l'arrestation du chef du groupe «responsable de cet assassinat» et que les corps «du général Younès et des deux colonels n'ont pas encore été retrouvés». C'est au cours de la conférence de presse qu'il animée dans la soirée de jeudi dernier, dans un hôtel à Benghazi, que le président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, a tenu les déclarations précitées au bout de près de 24 heures de rumeurs relatives à Abdel Fatah Younes. En annonçant la mort du général Younes, du colonel Mohamed Khamis et du commandant Nasser Madhour, Mustapha Abdeljalil a précisé que l'attaque s'est produite sur le chemin de leur retour de Brega vers Benghazi, en réponse à une convocation d'Abdel Fatah Younes qui lui a été transmise par une commission judiciaire enquêtant sur des questions militaires. Pour le patron du CNT, «le pouvoir dirigé par Kadhafi est à l'origine» de la mort de Abdel Fatah Younes et ses deux adjoints pour lesquels, Mustapha Abdeljalil, décrète trois jours de deuil. A signaler, par ailleurs, «les tirs et les affrontements» qui se sont produits à proximité de l'hôtel au moment où le président du CNT, après sa conférence de presse s'apprêtait à le quitter. Informations communiquées par différents médias présents à Benghazi faisant état de tirs par des hommes armés qui ont tenté de pénétrer dans l'hôtel où Moustapha Abdeljalil tenait sa conférence de presse, tandis que les journalistes étaient évacués. La situation demeure tendue à l'Est de Benghazi, fief des insurgés, et la portée de la mort d'Abdel Fatah Younès a dépassé les frontières de cette ville pour atteindre l'ensemble du territoire libyen. Nombreuses ont été les questions en réaction à l'annonce de cet événement par le patron du CNT qui, tout en accusant Tripoli d'être à l'origine de l'attaque, a également affirmé qu'il ne savait pas où se trouvaient les corps après avoir indiqué l'arrestation de l'un des membres du groupe impliqué dans l'attaque en question. Ce qui pour bon nombre d'observateurs semble être une nouvelle étape dans la crise libyenne qui entame son sixième mois, avec l'intensification des frappes aériennes de l'Otan contre la Libye et, de surcroît, le dégel des comptes libyens au profit du CNT. Autre donne marquant les relations entre le CNT et ses soutiens étrangers précédant la mort de Abdel Fatah Younès, la nomination, dans la journée de jeudi, des ambassadeurs du Conseil national de transition en France et en Grande-Bretagne, respectivement, Mansour Saif Al-Nasr et Mahmoud Nacua. Ce qui est à relever, c'est qu'après la nomination de Mahmoud Nacua, représentant du CNT à Paris, lui qui a quitté la Libye en 1969, date de la révolution des officiers libres menée par Maâmar El Gueddafi et Abdel Fatah Younès, Mustapha Abedlajalil a annoncé, le soir même, la mort de celui qui les avait rejoints et a été, commandant en chef des forces armées des insurgés libyens. Ce qui renseigne on ne peut mieux sur les conséquences induites par la mort d'Abdel Fatah Younes, qu'il s'agisse d'une attaque perpétrée par les pro-Gueddafi ou par les insurgés de Benghazi. Cela d'autant que les divergences entre les membres du CNT, contenues dans les premiers mois de la crise, refont surface au rythme des tractations entre certains membres et leurs soutiens étrangers dont principalement Paris. Il est à rappeler que le patron du CNT a déclaré que «certains insurgés n'ont jamais accepté de voir leur armée dirigée par un homme aussi proche de Mâammar Kadhafi jusqu'à une période récente». Allusion à Abdel Fatah Younes. Règlement de compte entre leaders des courants dominants au sein du Conseil national de transition ? Attaque perpétrée par les pro-Gueddafi contre celui qui a rejoint les insurgés de Benghazi au lendemain du début de la crise libyenne ? Ou une mort qui intervient après la portée des rumeurs faisant état de couloirs de dialogue entre Abdel Fatah Younes et Tripoli et sa convocation à Benghazi ? Des scénarios qui mettent le CNT devant ses propres contradictions de fond qui surgissent au fil du rythme de la crise et dont la mort d'Abdel Fatah Younes intervient aussi après l'annonce de la décision de l'Otan d'opérer des frappes militaires aériennes sur des objectifs civils en Libye…