Plus de 100 participants représentant diverses institutions et instances, algériennes et étrangères, concernées par le dossier de la migration mixte, prennent part à un Atelier technique sur le phénomène migratoire, ouvert hier à Biskra. Organisée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNPPDH), en collaboration avec le Conseil italien pour les réfugiés (CIR), l'Union des juristes italiens pour la défense des droits de l'Homme et l'Académie de la société civile (ASCA) de Biskra, cette manifestation est placée sous le thème «Pour une vision humanitaire du phénomène migratoire». Lisant, en ouverture de cet Atelier, un message du président de la CNPPDH, Farouk Ksentini, le secrétaire général de cette instance, Abdelouahab Mordjani, a souligné que cette rencontre «s'imposait» compte tenu des phénomènes migratoires observés dans la région et qui revêtent une «grande importance au plan humanitaire». Il a ajouté qu'au moment même où se tient cet Atelier, des milliers d'immigrants et de réfugiés maliens affluent dans le sud du pays. «11 000 ont déjà rejoint notre pays et ce nombre augmente de jour en jour». M. Ksentini a également souligné, dans son message, que cette situation a placé les réfugiés dans «une situation déplorable, causée par les tensions armées dans ce pays voisin, parmi eux des enfants, des nourrissons, d'autres en âge d'aller à l'école, des femmes, des vieillards, des malades, et des familles entières poussées à l'exode, laissant leurs foyers et tout ce qu'elles possèdent derrière elles». A ce tableau s'ajoutent les épreuves de l'exode en Algérie, où se trouve, a-t-il rappelé, le plus ancien camp de réfugiés au monde, à Tindouf, dans le sud-ouest du pays, où des moyens de gestion et d'organisation considérables sont consentis par l'Etat algérien, le Croissant-Rouge algérien et l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), en plus d'un camp dans le sud-est du pays pour accueillir des centaines de migrants fuyant la violence armée dans un «pays ami et voisin». S'agissant des flux migratoires mixtes vers l'Algérie, l'UNHCR a recensé en 2011 plus de 94 000 réfugiés en raison d'évènements se déroulant dans des pays limitrophes, de conflits armés et d'autres raisons économiques, sociales et environnementales (sécheresse), a-t-il ajouté. Attirant l'attention sur la question de l'émigration et ses répercussions dramatiques, l'intervenant a considéré qu'il y a lieu de réfléchir «sérieusement» à la création d'une instance nationale chargée des affaires de l'émigration et des immigrés et de la fourniture de l'aide juridique dont ils ont besoin, la protection de leurs droits et ceux des membres de leurs familles, en allant jusqu'à créer dans le cadre de cette approche, un réseau d'informations sur le phénomène de l'immigration en Algérie et dans la zone euro méditerranéenne. Pour le directeur du Conseil italien aux réfugiés, Christopher Hein, cette rencontre constitue une opportunité pour nouer des relations étroites entre les parties chargées du dossier de la migration mixte, pour effectuer des consultations et approfondir des idées en recherchant la possibilité de créer des dispositifs «communs et adaptés», pour «trouver des solutions aux préoccupations des pays des deux rives de la méditerranée». L'Atelier auquel participe également des représentants de «Médecins du Monde» et du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), se poursuit par l'intégration d'une série d'interventions présentées par des académiciens sur le phénomène des flux migratoires.