L'ex-patron des services du contre-espionnage français (DST), Yves Bonnet, revient sur l'affaire Merah, le présumé coupable dans la tuerie de Toulouse et Montauban, qui ne cesse de défrayer la chronique, tant les zones d'ombres planent sur celle-ci, notamment après les nouveaux rebondissements qui jettent encore plus de soupçons et soulèvent moult interrogations. Le premier de ce mois, et lors d'une conférence de presse à Alger, l'avocate du père de Mohamed Merah a fait état d'un enregistrement vidéo dans lequel, ce dernier s'adressait au patron du Raid et lui demandait : «Pourquoi vous voulez me tuez ? Elle a révélé également que Mohamed Merah a été poussé par trois membres des services secrets français à commettre ces meurtres. Dans un entretien accordé au journal en ligne «algeriepatriotique.com», Yves Bonnet affirme l'existence d'une relation entre Mohamed Merah et les services secrets français. «Sur ce point, et si je me fie aux déclarations de Bernard Squarcini (directeur central du renseignement intérieur (DCRI), ndlr), je note que Merah entretenait effectivement une relation avec un officier de la DCRI», dira-t-il, en expliquant que «si des preuves étaient apportées sur l'assassinat de Mohamed Merah, il est évident que l'Etat français serait condamné». A une question sur la vidéo que détient la défense et où Mohamed Merah se demandait pourquoi on voulait le tuer, Bonnet souligne ne pas pouvoir commenter une vidéo qu'il n'a pas pu visionner en affirmant, toutefois, que cet enregistrement même authentifié, n'apporte aucun élément concret «ni dans un sens, celui de son innocence, ni dans un autre, celui de son exécution», dira-t-il. Concernant le procès que le père de Merah voudrait intenter au Raid, M. Bonnet assure que «la France est un pays de droit où la justice n'hésite pas à désavouer le pouvoir si elle l'estime nécessaire et conforme à la vérité», en rappelant l'existence de la Cour européenne qui réforme les jugements qu'elle estime contraire au droit. En réponse à une question sur la capture de Merah vivant, l'ex-patron de la DST estime qu'il n'est pas qualifié pour y répondre, expliquant ne pas détenir assez d'éléments nécessaires à ce sujet. S'agissant de la nature et le but des relations qu'entretenaient les services secrets français avec Merah, Bonnet affirme que cette relation reste «floue», toutefois, «il est de bon sens et conforme à la pratique de penser que Merah avait un officier traitant. Sinon, pourquoi lui aurait-il remis des documents qui, nécessairement, représentent un intérêt de travail», se demande-t-il, tout en jugeant «qu'il est indispensable d'éclairer ce point qui n'est pas un détail». Sur une éventuelle implication du Mossad dans l'exécution de Merah, M. Bonnet répond catégoriquement : «Il n'y a aucune chance que des éléments du Mossad aient participé à l'assaut final.» A une question sur la surmédiatisation de cette affaire, pour servir éventuellement la campagne électorale de Sarkozy, il dira : «Je suis de ceux qui pensent que la tentation a été grande d'utiliser cette affaire afin de replacer le président en exercice sur le devant de la scène et que le pouvoir en place n'a pas résisté», ajoutant que «c'est préoccupant pour la démocratie».