L'Algérie va fêter le 5 juillet 2012 cinquante années d'indépendance politique. De juillet 1962 à juillet 2012, elle a connu sept dirigeants : Ahmed Ben Bella (1962 à 1965), Houari Boumediene (1965 à 1978), Rabah Bitat (1978 à 1979), Chadli Bendjedid (1979 à 1992), Mohamed Boudiaf (1992 ), Ali Kafi (1992 à 1994), Liamine Zeroual (1994 à 1999) et Abdelaziz Bouteflika (1999 à aujourd'hui). L'action armée va venir du CRUA. Le déclenchement de la Révolution algérienne a été décidé dans la Casbah d'Alger et à Batna sous la présidence de Mostefa Ben Boulaïd dans la réunion des 22 cadres du Comité révolutionnaire d'unité et d'action CRUA), qui sont Badji Mokhtar, Belouizdad Athmane, Benboulaïd Mustapha, Benabdelmalek Ramdane, Benaouada Amar, Ben M'hidi Larbi, Bentobbal Lakhdar, Bitat Rabah, Bouadjadj Zoubir, Bouali Said, Bouchaib Ahmed, Boudiaf Mohamed, Boussouf Abdelhafid, Derriche Elias, Didouche Mourad, Habachi Abdesslam, Lamoudi Abdelkader, Mechati Mohamed, Mellah Rachid, Merzougui Mohamed, Souidani Boudjema, Zighoud Youcef. L'une des décisions stratégiques du groupe est la mise en place d'un découpage territorial du pays en cinq zones coiffées par Mostefa Benboulaïd pour la zone 1, Didouche Mourad pour la 2, Krim Belkacem pour la 3, Rabah Bitat pour la 4 et Larbi Ben M'hidi pour la 5, Mohamed Boudiaf assurant la coordination et les relations avec l'extérieur. La déclaration du 1er novembre 1954 est émise à partir de Tunis. Dans la nuit du 1er novembre 1954, la caserne de la ville de Batna est attaquée par les moudjahidine. Et c'est la guerre. 100 000 soldats français sont affectés dans les Aurès, et plus tard ils seront plus de 400 000 en Algérie. Le massacre de Skikda (ex-Philippeville), la mort d'une centaine de manifestants algériens, eut lieu du 20 au 26 du mois d'août 1955. La même année, à l'Assemblée générale de l'ONU, l'inscription de l'affaire algérienne est à l'ordre du jour. Le Congrès de la Soummam organisé par Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, et Krim Belkacem le 26 août 1956 au village Ighbane et Ifri dans la commune d'Ouzellaguen (Kabylie) a été déterminant et a été l' acte fondateur de l'Etat algérien moderne et pilier déterminant pour la réussite de la révolution algérienne. «La primauté du politique sur le militaire» constitua l'un des fondements du Congrès. Après le congrès de la Soummam, l'Algérie a été divisée en six «wilayas» ou états-majors. Une wilaya est divisée en quatre zones. Chaque zone est divisée en quatre régions. La région est divisée en quatre secteurs. Le Conseil national de la révolution algérienne CNRA désigné par le congrès de la Soummam se composait de 34 mem- bres : 17 titulaires et 17 suppléants Pour les titulaires, nous avons Mostefa Ben Boulaïd - Youcef Zighoud - Belkacem Krim - Amar Ouamrane - Med Larbi Ben M'hidi- Rabah Bitat - Mohamed Boudiaf - Ramdane Abbane -Ahmed Ben Bella- Mohammed Khider - Hocine Aït Ahmed -Med Lamine Debbaghine - Idir Aïssat - Ferhat Abbas - M'hamed Yazid - Benyoucef Ben Khedda - Taoufik El Madani. Après la condamnation de Larbi Ben M'hidi et après le déroulement du Congrès de la Soummam, le F.L.N intègre les dirigeants du Mouvement national algérien (M.N.A). Plusieurs partis algériens adhèrent à la cause du F.L.N. Les Aurès, le Constantinois, l'ouest de l'Algérie, la Kabylie, etc., seront les zones les plus sensibles du point de vue stratégique et logistique. Les deux pays (le Maroc et la Tunisie) sont sous protectorat français mais aideront le FLN. Ils hébergeront les deux armées de l'ALN aux frontières. Cependant l'histoire se précipite. La délégation des principaux dirigeants du FLN Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, et Ahmed Ben Bella est arrêtée, à la suite du détournement, le 22 octobre 1956, par l'armée française, de leur avion civil marocain, entre Rabat. En 1959, Messali Hadj sort de prison, il est assigné à résidence. Durant cette période des sous-officiers algériens de l'armée française désertent, venant grossir les rangs de l'ALN dont certains seront connus au lendemain de l'indépendance politique comme Khaled Nezzar, Larbi Belkheir, Mohamed Touati, Mohamed Lamari , Abbas Gheziel, Abdelmalek Guenazia, etc. Les étudiants algériens s'impliquent. Après la création de l'UGEMA en 1955 par Belaïd Abdesselam, Mohamed Seddik Benyahia, Lamine Khène, et Aït Chalal, la section locale de Montpellier élit à sa tête Mohamed Khmisti (futur ministre des Affaires étrangères, qui fut assassiné durant la période Ben Bella). Des intellectuels français vont aider le FLN, comme Maurice Audin qui fut torturé et tué par les services français, Franz Fanon s'engage auprès de la résistance algérienne. Albert Camus, natif d'Algérie, fut un défenseur des droits des Algériens, dans les années 1940, avant de refuser de prendre position pour l'indé- pendance avec cette phrase célèbre prononcée à Stockholm en 1957 : «Si j'avais à choisir entre la justice et ma mère, je choisirais encore ma mère». Dès 1956, Jean-Paul Sartre, et la revue les Temps modernes prennent parti contre l'idée d'une Algérie française et soutiennent le désir d'indépendance du peuple algérien. La découverte de pétrole dans le Sud algérien favorise les convoitises et ainsi est annoncé le plan de développement économique et social dit Plan de Constantine visant à la valorisation de l'ensemble des ressources de l'Algérie, mettant en relief les relations financières entre l'Algérie et la métropole (juin 1955) et les perspectives décennales du développement économique de l'Algérie (mars 1958). Ce plan était surtout destiné à l'affaiblissement politique du FLN. Les principaux objectifs fixés par ce plan sont la construction de 200 000 logements, permettant d'héberger un million de personnes, la redistribution de 250 000 hectares de terres agricoles, le développement de l'irrigation, la création de 400 000 emplois industriels, la scolarisation de tous les enfants en âge d'être scolarisés à l'horizon de 1966, l'emploi d'une proportion accrue de Français musulmans d'Algérie dans la fonction publique (10%), l'alignement des salaires et revenus sur la métropole, ainsi qu'une politique d'industrialisation s'appuyant à la fois sur des aides directes et indirectes aux entreprises privées investissant en Algérie (exemption de certains impôts, subventions à l'investissement à hauteur de 10%), l'aménagement de zones industrielles (notamment celle de Rouiba-Reghaïa, sur 1 100 hectares, à l'est d'Alger) et la mise en valeur des ressources en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) découvertes dans le Sahara, susceptibles de fournir des ressources d'exportation et une énergie bon marché. Malgré cela, l'indépendance devient irréversible, et en 1960 la semaine des barricades à Alger fait 22 morts algériens et des centaines de prisonniers. Lors du discours du 4 juin 1958 à Alger, le général de Gaulle sentait l'indépendance proche par cette fameuse phrase «Je vous ai compris». Par la suite il annonce la tenue du référendum pour l'indépendance de l'Algérie. Suite à cela, naît l'Organisation armée secrète (OAS), également appelée Organisation de l'armée secrète qui était une organisation française politico-militaire clandestine partisane créée le 11 février 1961 après une rencontre à Madrid entre Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde où à Alger le 16 mars 1961 avec le slogan «L'Algérie est française et le restera». Des attentats violents éclatent qui toucheront également la métropole. C'est ainsi que l'on assistera à la tentative de putsch des généraux contre le général de Gaulle. En 1960, l'ONU annonce le droit à l'autodétermination du peuple algérien. Le côté français organise des pourparlers avec le gouvernement provisoire algérien. Plusieurs réunions à l'extérieur du pays vont aboutir aux accords d'Evian. Le 17 octobre 1961, la nuit noire débute à Paris, appelée aussi la bataille de Paris, avec le massacre du 17 octobre 1961. Plusieurs Algériens sont tués en métropole lors d'une manifestation du FLN. Il y aura aussi des milliers d'arrestations au sein des Algériens. Le tournant aura été les accords d'Evian qui sont le résultat de négociations entre les représentants de la France et du Front de Libération nationale, accords signés le 18 mars 1962 à Evian-les-Bains (Haute-Savoie, France) et se traduisent immédiatement par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien. Du côté algérien nous avons la délégation du FLN : Krim Belkacem, Saad Dahlab, Benmostefa Benaouda dit Si Amar, Lakhdar Bentobbal, Taïeb Boulahrouf, Mohamed Seddik Benyahia, Seghir Mostefaï, Redha Malek, M'Hamed Yazid, Ahmed Boumendjel et Ahmed Francis. Du côté français, nous avons Louis Joxe, Bernard Tricot, Roland Cadet, Yves Roland-Billecart, Claude Chayet, Bruno de Leusse, Vincent Labouret, le général Jean Simon, le lieutenant-colonel Hubert de Seguins Pazzis, Robert Buron et Jean de Broglie. Dans la foulée, le CNRA se réunit à Tripoli (Libye) du 27 mai au 5 juin 1962 pour, en principe, entériner les termes des accords d'Evian. L'ordre du jour est rapidement débordé et la conférence adopte, après amendements, un programme de gouvernement préalablement élaboré à Hammamet (Tunisie). Ce document que l'histoire retient sous le nom de programme ou parfois charte de Tripoli caractérisé par bon nombre de dissensions internes au sein de la direction, certains acteurs affirmant qu'il n'a jamais été adopté, établit pourtant le régime socialiste comme modèle de développement et impose le parti unique comme système politique. Lors du référendum d'autodétermination de l'Algérie où les électeurs ont eu à se prononcer par «Oui» ou par «Non» sur la question suivante : «Voulez-vous que l'Algérie devienne un Etat indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962, le Oui l'emporte par 99,72 % (5 994 000 sur 6 034 000 votants et 530 000 abstentions). La France reconnaît l'indépendance de l'Algérie le 3 juillet et celle-ci est proclamée le 5 juillet 1962. Pour clore cette partie, je ne puis que souligner l'importance du devoir de mémoire, notamment entre l'Algérie et la France, afin de dépasser les faux préjugés, d'établir la vérité afin d'éviter surtout que certains des deux côtés de la Méditerranée n'instrumentalisent l'histoire à des fins politiques, ce qui permettra d'entrevoir l'avenir, pour un devenir solidaire. L'écriture objective de cette fraction historique est nécessaire tant par les historiens que les acteurs ayant vécu cette période. Dans ce cadre, comment ne pas dénoncer la tentation depuis l'indépendance politique la dénaturation de l'histoire de l'Algérie, certains voulant la ramener à leur propre personne. Evitons les polémiques stériles dues en grande partie à l'inaccessibilité et la non-communicabilité des archives dont une grande partie est toujours en France. Notre jeunesse a besoin de connaître son histoire, très riche, qui ne saurait de limiter à la période contemporaine. Cependant, ces «trous» historiques, comme l'assassinat d'Abane Ramdane, un des pères de la Révolution algérienne, ne sont pas propres à l'Algérie, tant que des acteurs seront encore vivants, comme dans toute guerre de libération. C'est le cas de la France où, près de 70 ans après la Seconde Guerre mondiale, nous assistons encore à des révélations concernant certaines collaborations avec Vichy, touchant des personnalités de premier plan. (Suite et fin)