Tandis que Sarkozy est niché dans un chalet à une heure de Montréal au c?ur de la forêt de Morin Heights, dans les joliment nommés Pays-d'en-Haut, et ce, au moment où trois perquisitions visant l'ex-président aient été menées par des policiers de la Brigade financière dans le cadre de l'affaire Bettencourt, la nouvelle diplomatie française semble avoir bien ingurgité ses leçons d'ingérence. Pour lui, sa guerre libyenne a été «gagné» et le temps ne lui a pas permis de gagner une seconde en Syrie. Alors ? C'est au tour de Hollande de jouer son coup de poker avec la Conférence sur les «amis de la Syrie» tenue à Paris. Les enchères ont donc été entamées avec ces déclarations tonitruantes de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius. Ce dernier qui assume un soutien officiel à la rébellion, confirme en la matière la parfaite continuité entre les deux locataires successifs de l'Elysée. Mais Laurent Fabius ne s'en tient pas là. Appelant à ce que «le tyran (soit) dégagé au plus tôt», il a précisé au micro de France Inter : «Un pouvoir doit avoir un successeur ; donc il y a des discussions très précises et très difficiles.» Et l'on se frotte les yeux : pour la première fois ouvertement, un responsable avoue que les grandes puissances entendent non seulement abattre un régime, mais choisir qui le remplacera. Le plus extraordinaire est qu'une telle déclaration soit passée quasiment inaperçue, comme s'il s'agissait d'une chose finalement très naturelle. Et qu'en pense Hollande ? «Bachar Al-Assad doit partir. Un gouvernement de transition doit être constitué. C'est l'intérêt de tous. A ceux qui soutiennent aussi que le régime de Bachar Al Assad, aussi détestable soit-il, peut permettre d'éviter le chaos, je veux leur dire qu'ils auront le régime le plus détestable et le chaos», avait-il martelé. Excès de zèle de la part d'un nouveau président à l'instar de son collègue tunisien. Face à cet état de fait, faut-il notamment souligner que si Sarkozy a eu sa «chance» d'entraîner le groupe des prédateurs dans sa guerre libyenne, et de tromper la Russie et la Chine par la fameuse résolution 1973, il n'en sera pas de même pour Hollande qui devra affronter le double véto sino-russe. La Russie a d'ailleurs qualifié d'inacceptable, le projet de résolution, sur la Syrie, déposé, mercredi, à l'ONU, par les Occidentaux, menaçant d'y mettre son veto, s'il était soumis, jeudi, au vote du Conseil de sécurité. «Pris, dans son ensemble, leur projet n'est pas équilibré, il ne prévoit des obligations que pour le gouvernement syrien et il n'y est pratiquement rien dit des obligations de l'opposition», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l'agence de presse Interfax. «C'est pourquoi, nous considérons que ce projet n'est pas conforme à l'esprit et à la lettre du communiqué de Genève, (du 30 juin), ni au contenu du plan de paix de (l'émissaire international) Kofi Annan, et il est, pour nous, inacceptable», a-t-il poursuivi. «Mais si les Occidentaux décident de présenter le texte, tout en sachant que pour nous son contenu est inacceptable, nous ne permettrons pas son adoption», a encore souligné M. Gatilov. Que reste-t-il alors ? L'option militaire tant souhaitée et préparée par les prédateurs ? Décidément, la bouffonnerie «hollandesque» ne fait que commencer.