On est «presque» dans le scénario de l'intervention militaire occidentale en Libye Un nouveau massacre imputé au gouvernement syrien qui s'en défend avec véhémence, des réactions en chaîne d'expulsions d'ambassadeurs syriens en occident et des appels à l'intervention militaire rejetés, une fois de plus, par Moscou et Pékin et accueillis avec de fortes réticences à Washington. L'Onu semble pointer la responsabilité du régime dans le massacre de Houla. «Il y a de forts soupçons que les chabiha [miliciens pro-régime] soient impliqués dans cette tragédie à Houla. Je ne vois pas de raison de croire qu'une troisième partie soit impliquée», dans le massacre, a déclaré Hervé Ladsous, le secrétaire général adjoint de l'Onu, en charge des opérations de maintien de la paix et qui supervise le travail des casques bleus actuellement déployés en Syrie Dans ce contexte d'escalade de la violence, les pressions s'accentuent. Le scénario libyen pour la Syrie s'ébauche, mais beaucoup plus laborieusement. L'inévitable Bernard Henry Levy a écrit au président français, François Hollande, pour lui demander d'agir en Syrie avec un rappel du «mode d'emploi» libyen. François Hollande est donc invité à faire comme Sarkozy qui a bien écouté BHL lequel a tiré de ses aventures libyennes un film «Le serment de Tobrouk» -qui ne suscite pas les passions- sur une «ingérence réussie». L'impact de la sortie de Bernard Henry Lévy sur le discours des nouveaux officiels français est net. Mais il n'est pas certain qu'il aura de l'impact à Moscou ou à Pékin voire à Washington. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exigé le départ de Bachar Al-Assad qualifié «d'assassin». Et le président François Hollande, en réponse à la lettre de BHL, a déclaré qu'une «intervention armée» n'était «pas exclue», «à condition qu'elle se fasse dans le respect du droit international, c'est-à-dire dans une délibération du Conseil de sécurité» de l'Onu. «LE MODE D'EMPLOI » Mais le «mode d'emploi» de la résolution du Conseil de sécurité sur le cas libyen est devenu un précédent qui pèse lourdement. Les résolutions de l'Onu, interprétées de manière unilatérale par les occidentaux pour justifier l'intervention militaire en Libye, ont été une grosse couleuvre que la Russie et la Chine n'ont toujours pas digérée. Ils ne sont pas prêts à avaler une autre couleuvre à nouveau et ils le disent. Les deux pays continuent d'être rétifs à une intervention militaire et refusent l'adoption d'une résolution au Conseil de sécurité qui pourrait lui servir de couverture. L'administration américaine, non plus, ne penche pas pour une intervention militaire, Barack Obama ne voulant prendre de risques politiques dans une année électorale. Sans exclure aucune option, Washington estime qu'en l'état actuel des choses, une intervention militaire peut conduire à plus de chaos et de carnages. Le président français, qui doit rencontrer Vladimir Poutine, vendredi prochain, a peu de chance d'infléchir la position russe. Le ministère russe des Affaires étrangères n'a pas attendu vendredi. Il a fait savoir, hier, que la Russie ne permettra pas au Conseil de sécurité des Nations unies d'autoriser une intervention militaire en Syrie. MOSCOU ET PEKIN SUR LA MEME LIGNE La Russie est «catégoriquement» opposée à toute intervention militaire en Syrie, a souligné le vice-ministre des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l'agence de presse Interfax. Les autorités russes ont, en outre, condamné le renvoi «contre-productif» des ambassadeurs syriens. La Russie juge «prématurée» toute nouvelle action de l'Onu contre la Syrie après le massacre de Houla, a souligné Guennadi Gatilov. «Nous estimons que l'examen au Conseil de sécurité de l'Onu de toute nouvelle mesure pour influer sur la situation est prématurée», a dit M. Gatilov. Pékin est sur la même ligne. Elle a réaffirmé son opposition à une intervention militaire en Syrie. «La Chine est opposée à une intervention militaire en Syrie et est opposée à un changement de régime par la force», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Weimin. L'Australie se dit ouverte à des discussions sur une intervention militaire, mais son ministre des Affaires étrangères, Bob Carr, a déclaré : «On a besoin de l'unanimité au sein du Conseil de sécurité pour que cela se fasse, et on doit prendre en compte les critiques des Chinois et des Russes -et c'est leur droit- sur la manière dont l'intervention avait été conduite en Libye».